Alors que le budget de notre armée se verra une nouvelle fois amputé de 850 millions d’euros en 2017, « économies » qui finissent toujours par se solder par des pertes humaines sur le terrain, le secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, auditionnée jeudi par le Sénat, a annoncé le tout dernier gadget de ce gouvernement décidément lamentable : la généralisation de la pratique du gender budgeting…
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« Gender budgeting? Connais pas ! », me direz-vous. Et pourtant, cette « budgétisation sensible au genre », déjà appliquée à l’échelle des collectivités territoriales, est au cœur des politiques d’égalité hommes-femmes depuis maintenant 20 ans. Dans une note parue en 2005, le Conseil de l’Europe l’a même définie comme étant « une application de l’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes dans le processus budgétaire ».
Ce qui, ajoutait-il, « implique une évaluation des budgets existants avec une perspective de genre à tous les niveaux du processus budgétaire, ainsi qu’une restructuration des revenus et des dépenses dans le but de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes ».
Initiée par les Nations Unies en 1997, cette pratique est depuis défendue par la Banque mondiale du développement, le FMI, la Commission européenne, le Conseil de l’Europe et, soumission à Bruxelles oblige, par la France, dont l’article 61 de la loi du 4 août 2014 fixe l’obligation, pour les collectivités de plus de 20 000 habitants, de « présenter un rapport sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes ».
Cependant, les communes ayant déjà fort à faire, rares Sont celles qui trouvent encore le temps d’«examiner systématiquement les dépenses publiques afin d’objectifier les différences de traitement entre les femmes et les hommes et de rééquilibrer la répartition des crédits budgétaires entre les sexes ».
Citant l’exemple du sport jeudi, Schiappa a ainsi déploré que « les subventions municipales servent la plupart du temps à financer des clubs de foot, des clubs de boxe, des terrains de basket sur des parcs qui seront occupés et utilisés exclusivement par des hommes ».
Un projet pilote devrait être prochainement expérimenté au sein du ministère de l’Agriculture, avant une possible généralisation à l’ensemble des ministères d’Etat.
Franck Deletraz
Présent n°8907 du 22 juillet 2017