Anti-IVG : le combat continue

La marche pour la vie 2017 aura été un bon cru, avec une participation en nette hausse, continuons à défendre l’enfant à naître.

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La Marche pour la vie rassemble toujours plus de monde

Le ministre de la Famille, Laurence Rossignol, peut toujours rager ; Yann Barthès peut toujours se moquer ; le gouvernement peut toujours interdire les sites d’information alternatifs sur l’avortement : il n’y avait jamais eu autant de manifestants à la Marche pour la vie que dimanche dernier à Paris. Reportage.

L’avortement est un sujet d’ac­tualité. Entre le débat sur le sujet pendant la primaire de la droite et le projet de loi sur le délit d’entrave numérique, on n’a peut-être jamais autant parlé d’avor­tement en France depuis cinq ans. Est-ce pour cela que les manifestants étaient si nombreux dimanche dernier à avoir répondu à l’appel des organisateurs de la Marche pour la Vie ? Sans aucun dou­te. L’opposition au projet de loi était d’ailleurs l’une des revendications prin­cipales de la manifestation, avec la vo­lonté de « demander aux responsables une politique de santé qui permette de baisser le nombre d’IVG incroyablement élevé en France ».

Ainsi, 42 ans après le vote de la loi Veil, au plus grand étonnement de tous, l’avortement est encore contesté. Et contesté par des jeunes qui n’étaient pas nés en 1975 ! Une incongruité pour beau­coup, à commencer par le ministre de la Santé, Laurence Rossignol, qui n’a pas pu s’empêcher de Twitter, rageuse : « Être opposé à l’IVG, ce n’est pas choisir la vie, c’est choisir le retour des avortements clan­destins et des abandons d’enfants ». Déjà, le 12 janvier, elle s’inquiétait de la parution dans Le Figaro d’un encart publici­taire d’annonce de cette marche pour la vie : « Les anti-IVG à l’offensive ! Jusque dans les pubs d’un grand journal comme Le Figaro ! Inquiétant. »

La manif de la France bien élevée

Dimanche dernier, c’était « la France bien élevée », selon l’expression de l’édi­torialiste de Boulevard Voltaire qui avait fait le déplacement. Celle qui ne mani­feste que le dimanche après la messe, parce que la semaine elle bosse, celle qui est trop souvent moquée par les médias, vomie par les politiques et insultée quo­tidiennement… Des jeunes — beaucoup— enthousiastes, volontaires, parfois même survoltés par l’ambiance de la manif, de nombreuses familles, venues avec les enfants et les poussettes, des vieux, etc. Si vingt-deux évêques — et le pape Fran­çois — soutenaient officiellement la Mar­che pour la Vie, aucun d’entre eux n’était présent dans la rue. En revanche, de nombreux prêtres et religieux avaient fait le déplacement avec leurs ouailles.

Côté politique : le grand vide. Des Républicains au FN, l’avortement reste un sujet tabou. Interdit d’en parler et sur­tout interdit d’en débattre. Les élus et responsables politiques étaient donc les grands absents de cette manifestation. Seuls quelques-uns étaient présents : Franck Margain et Nicolas Tardy-Joubert, conseillers régionaux du Parti chré­tien démocrate (PCD). L’ancienne patronne du parti, Christine Boutin ; Xavier Lemoine, PCD lui aussi, maire de Montfermeil et candidat investi par Les Républicains dans sa difficile cir­conscription de Seine-Saint-Denis. An­noncé, Jean-Frédéric Poisson n’avait pas pu, au dernier moment, se libérer.

Pour la «droite hors les murs », on notait la présence de Patrick Louis, secrétaire général du MPF, venu en famille, de Karim Ouchikh, président du Siel, de Charles Beigbeder, de Charles Millon et de son épouse, Chantal Delsol. La jour­naliste Charlotte d’Ornellas, Charles de Meyer ou encore le politologue Guil­laume Bernard. On pouvait également compter une poignée d’élus municipaux et régionaux du Front National, ano­nymes dans la foule, et que nous ne nom­merons pas. Des deux élus que nous avons croisés, l’un a déjà été écarté de la circonscription législative qui lui était promise au motif qu’il est trop étiqueté catholique traditionaliste, l’autre siège dans le groupe présidé par Sophie Mon­tel. Une délégation de Sens commun, menée par Madeleine Bazin de Jessey, fondatrice du mouvement et membre de l’équipe de campagne de François Fillon, était là, ce qui n’a pas manqué de faire tousser au sein des Républicains.

Notons enfin, en tête de cortège, la star du jour, Philippe de Villiers, visiblement heureux d’être là. Un Philippe de Villiers très en verve, pour son intervention devant la foule, en fin de manifestation. Pas d’évêque, pas — ou si peu — de politiques. Mais beaucoup de monde, entre 15 000 selon la police et 50 000 selon les organisateurs, preuve s’il y en avait encore besoin que les partis politiques aujourd’hui comptent vraiment de moins en moins…

Au final, la manifestation s’est déroulée dans le calme le plus total — aucun contre-manifestation n’était annoncée aucune Femen n’a pointé le bout de son sein… Le froid sans aucun doute. Ce même froid qui a empêché les électeur de la primaire socialiste d’aller vote mais n’a pas fait reculer les manifestait pro-vie. Question de génération, sans aucun doute…

C’est Philippe de Villiers qui a conclu la manifestation. Un Vil­liers pas réellement revenu en poli­tique, mais pas du tout parti non plus… Un Philippe de Villiers très en forme et très en verve, qui n’était pas, comme l’a dit un journaliste présent au milieu de la foule, « en mode conférence ». S’adressant, au nom des manifestants, aux candi­dats à l’élection présidentielle, l’an­cien patron du conseil général de Vendée s’est fait incisif :  « Soyez courageux, soyez cohérents. Ne soyez pas des hypocrites et des menteurs pour venir chercher nos voix. Ne dites pas, par exemple : « Je suis contre l’avortement » en privé, mais, en public « Je suis pour ». Ça, ce n’est pas possible. On ne peut pas plonger la main dans le bénitier en criant : « C’est un crime », et en­suite plonger la main dans l’urne en disant : « C’est un droit. » Il y en a un, avec ses sourcils broussail­leux, qui a dû avoir les oreilles qui a du avoir les oreilles qui sifflent.

Jean Masson

Minute, n°2806, janvier 2017

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