Tout en manifestant son opposition Merkel a cédé avec beaucoup d’hypocrisie au caprice de la gauche et des invertis allemand en manœuvrant pour laisser passer une loi autorisant le soi-disant « mariage » des homosexuels.
Lu pour vous dans Rivarol
L’Allemagne se distinguait parmi les pays d’Europe Occidentale par l’absence de “mariage” homosexuel. Nous vivons quand même une époque de décadence furieuse, et unique ! Parmi toutes les sociétés humaines, dans le temps comme dans l’espace, et il y en a eu des biens vicieuses, des criminelles parfois, avec des sacrifices humains de masse comme chez les Aztèques — en est-on d’ailleurs si loin avec l’avortement tuant un tiers des enfants avant leur naissance ? —, aucune pourtant n’avait connu jusque-là cette fantaisie des “mariages” homosexuels, désormais très répandue en Amérique, du Nord au Sud, et en Europe Occidentale. Or, l’Allemagne vient, de façon inattendue, par son caractère brusque, de « rattraper son retard », suivant le concert de louange des media officiels. Évidemment, dans cette triste période de décadence occidentale, existaient déjà des unions civiles homosexuelles offrant les mêmes droits que les mariages. La différence était surtout symbolique.
La chancelière Merkel, qui tient parfaitement son parti, la CDU, avait jusque-là manifesté son opposition à une telle assimilation des unions homosexuelles au mariage véritable. Ce n’était qu’une question de symbole. Or, elle ne cesse de glisser toujours plus vers la gauche, là où penche son cœur. Elle avait surpris son parti en tenant un discours d’extrême-gauche sur les immigrés clandestins à l’été 2015, forçant le parti socialiste, la SPD, qui ne pouvait faire moins, à la suivre. Angela Merkel ressemble à Jacques Chirac en France : le principal parti de droite, ou supposé tel, est dirigé par une personnalité foncièrement de gauche, et menant une politique de gauche ! Le plus étonnant est la docilité des cadres et des militants du parti, et des électeurs, qui grognent parfois, mais suivent presque toujours !
Outre sa philosophie profonde de gauche, donc acquise aux prétendues avancées sociétales, Angela Merkel a voulu procéder à sa manœuvre politique habituelle avant les élections, face à son principal concurrent, le parti socialiste. Il s’agit d’occuper l’espace politique sur sa gauche, et ce juste avant les élections législatives, qui auront lieu en septembre prochain. Le délai assez court a pour but d’empêcher le parti visé de préparer une riposte politique programmatique. Écrire un programme politique, même pour la vraie gauche, est, en Allemagne, un exercice sérieux, qui demande des années de travail. Ainsi, lors des dernières élections législatives, en septembre 2013, elle avait, quelques semaines avant le vote, repris sans aucune vergogne le programme “social” de son concurrent. De même donc, elle vient d’enlever à la SPD un point essentiel de son programme sur le plan dit sociétal.
La manœuvre politique d’Angela Merkel a été des plus rapides. Elle constitue aussi un chef-d’œuvre d’hypocrisie. Lors d’une rencontre, il y a deux semaines, avec des personnalités de la culture — évidemment la pire —, dans un théâtre berlinois, sommée de cesser toute “discrimination” sur le mariage par un procureur cultureux gauchiste, pleurnichant sur le thème de son impossibilité personnelle d’appeler “mari” l’homme de sa vie, couvert d’applaudissements par la salle, elle avait réussi à se dire favorable à un vote libre et en conscience du Bundestag sur le sujet, tout en demeurant à titre purement personnel contre… Aussi, la gauche allemande, avec la SPD et les Verts, a-t-elle proposé selon une procédure d’urgence un vote dans la semaine sur la question du “mariage” homosexuel. Le gouvernement suivant le sens du message de Merkel, ne s’y est pas opposé. Aussi, toute la gauche a voté, le vendredi 30 juin, pour ce “mariage” homosexuel, comme le quart “constructif” de la fausse droite. Mme Merkel a voté contre, car le Premier ministre est aussi un parlementaire qui vote en Allemagne. Ainsi, elle a pris la pose de la femme à principes fermes, plutôt conservateurs — un comble ! —, tout en paraissant céder à une opinion politiquement majoritaire, une forme de sens de l’Histoire, avec une nette majorité de 393 députés pour face à 286 contre, et des sondages assurant un soutien de 75 % des Allemands à une telle mesure. Il convient certes en général de se méfier de sondages sur de telles questions, mais les Allemands en sont à la troisième génération de cerveaux lavés depuis 1945, cette enquête d’opinion est donc hélas probablement assez près de la réalité.
Ainsi, l’Allemagne ne diffère plus du reste de l’Europe décadente. Signalons qu’il reste toutefois une législation allemande relativement restrictive quant à la lettre des lois sur l’avortement et l’euthanasie, dans ce contexte infernal d’Europe Occidentale, sans que cela ne change en rien les pratiques. Seuls les Verts sont en pointe sur cette question, la diabolisation des nazis eugénistes expliquant le “retard” législatif relatif. Mme Merkel a montré sa capacité à la manœuvre politique. Il ne faut pas la sous-estimer sur ce plan, aussi détestable soit-elle. Ainsi est-elle parvenue à être présente, au premier rang, et parmi les principaux orateurs, à la grande cérémonie d’hommage à Helmut Kohl le samedi 1er juillet au parlement européen, et ce en dépit des dernières volontés les plus explicites du défunt à ce sujet…Cela ne l’a nullement empêché de se réclamer de la filiation politique de Kohl et de lui rendre un vibrant hommage… Son cynisme est révoltant !
Pour l’instant, les sondages donnent Mme Merkel et son parti la CDU largement en tête de ces élections législatives du dimanche 24 septembre 2017, avec 16 points d’avance sur le suivant, la SPD, et 40 % des voix. Elle devrait donc se maintenir au pouvoir, et diriger une nouvelle coalition. La coalition de tous ses adversaires est elle en revanche impossible, et l’attelage alternatif potentiel SPD-Verts-Libéraux, pas si évident à faire fonctionner, est de toute façon très loin des 50 %. Elle pourrait s’allier aux libéraux de la FDP — s’ils réussissent à franchir la barre éliminatoire des 5 % —, aux socialistes de la SPD, voire aux Verts. Cette dernière hypothèse ne la dérangerait nullement, mais leur gauchisme militant pourrait tout de même poser un problème. Ne sont exclus que les postcommunistes du Parti de Gauche — correspondants des Insoumis de Mélenchon en France — ou les patriotes de l’AFD. Ces derniers ne sont pas sûrs de franchir le seuil des 5 %. Tout paraît indiquer une nette victoire à venir pour Angela Merkel, Premier ministre depuis 2005, et qui pourrait le rester jusqu’en 2021. Les Allemands ne la sanctionneront donc pas sur son bilan désastreux. Qu’il s’agisse de l’immigration-invasion accélérée de l’Allemagne, doublée d’islamisation, d’insécurité croissante, voire de terrorisme, ou d’un bilan social des plus mitigés : les centaines de milliards d’euros engloutis pour les migrants ont manqué aux 10 millions d’Allemands pauvres. La principale opposition, celle de la vraie gauche, est encore pire. Il faut croire décidément que les peuples européens veulent disparaître.
Scipion de SALM
Rivarol n°3290 du 6 juillet 2017