Lecture et Tradition : Messieurs, nous fêtons cette année le 750e anniversaire de la mort de saint Thomas d’Aquin, et l’an prochain, nous fêterons les 800 ans de sa naissance. Pouvez-vous nous présenter en quelques mots ce qui, à vos yeux, paraît fonder l’étonnante actualité du Docteur angélique ?
Stéphane Glogowski et Olivier Minvielle : Oui, il faut vraiment saluer ces années thomasiennes comme elles le méritent, car la pensée de saint Thomas n’a pas vieilli d’une ride si l’on songe un instant aux désordres de notre époque. La modernité tente d’étouffer sans cesse cette injonction dérangeante : « Esto vir ! », « Sois un homme ! ». Le venin d’une perception subjective de l’homme semble désormais se diffuser partout. Mais saint Thomas nous a laissé dans ses œuvres un formidable antidote, qu’il est encore temps de boire… Il a incarné le modèle de l’homme viril et vertueux : une volonté forte, une rationalité incroyablement déployée, une maîtrise souveraine des passions, une foi et une humilité héroïques dans un XIIIe siècle « hyperactif », un labeur acharné et un combat pour la vérité qui n’altéra jamais la bonté du cœur. Tout cela lui a mérité d’être surnommé « le plus saint des savants, et le plus savant des saints ». Il a fait preuve de qualités intellectuelles et d’une honnêteté remarquables, mais sans pour autant quitter le primat de la vie intérieure : cela en dit long sur son équilibre de vie, alors que notre époque ne vit que de déséquilibres.
L. et T. : Vous publiez un livre intitulé « Vivre en bon père de famille selon saint Thomas d’Aquin » (Éd. Téqui) [1], qui s’avère très facile d’accès pour s’approprier la qualité de la réflexion de ce saint exceptionnel. C’est un ouvrage qui se veut principalement à l’usage des pères de famille, mais les lycéens curieux et les jeunes hommes célibataires pourront également en faire leur miel, dans un sain esprit de préparation à leur vocation naturelle. En quoi le Docteur angélique peut-il être d’un grand secours pour investir la mission de la paternité ?
S. G. et O. M. : Il s’agit d’entrer en amitié avec un grand saint, et d’envisager cette lecture comme une conversation courtoise autour d’un bon vin chaud ou d’un café serré avec celui qui reste le plus grand penseur du Moyen Âge, et peut-être de l’Histoire. Dans sa célèbre Somme, Thomas donne des clés lumineuses pour répondre aux questions suivantes : comment vivre en père de famille prudent ? Comment conserver toujours sa quiétude au milieu du monde et de ses propres humeurs? Comment lutter contre les tentations du diable qui insinue en nous des pensées qui ne viennent pas de Dieu? Comment éduquer mes enfants, et surtout mon adolescent ? Quelle place accorder à mes parents et à mon épouse ? Pourquoi la question de l’union conjugale est-elle difficile ? Est-ce que je dois obéir à toutes les lois injustes de nos sociétés modernes ? Ai-je le droit d’être ambitieux, chevaleresque, viril ? (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)
Propos recueillis par la rédaction
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