Petits services entre vrais républicains

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Comme nous allons le voir, c’est également une déclinaison de la parabole de la paille et de la poutre. Nous retrouvons certaines personnalités politiques des dernières années : entre les deux tours des présidentielles, Jean-Jacques Urvoas, alors ministre socialiste de la Justice, céda aux demandes pressantes de Thierry Solère, député des Hauts-de-de-Seine (ex-LR devenu LREM).

thierry solère
Thierry Solère

Donc le ministre réclama aux services de la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG), une « synthèse » de l’enquête préliminaire – donc secrète – concernant M. Solère. Ce dernier était en effet soupçonné de différents délits : fraude fiscale, blanchiment, corruption, trafic d’influence, recel d’abus de biens sociaux. Il prit ainsi connaissance des détails pouvant étayer des éventuelles accusations… alors qu’il n’avait pas été entendu par la police ! Ce qui est un « passe-droit » exceptionnel.

Pour communiquer, les deux politiciens avaient bien cherché à ne pas tomber dans les négligences grossières qui accablèrent M. Sarkozy et son avocat. Ils passèrent par la messagerie cryptée Telegram. Mais Thierry Solère omit d’effacer le message de M. Urvoas. Les experts de l’OCLCLIFF (Office central de lutte contre la corruption et les transactions financières et fiscales) tombèrent dessus lors d’une perquisition au domicile du député en juin et n’eurent pas de mal à décrypter ce que l’on voulait leur cacher.

jean jacques urvoas
Jean Jacques Urvoas

Il semble désormais établi que M. Urvoas a bien profité des pouvoirs de sa fonction pour renseigner son solliciteur. D’aucuns ont envisagé que, pour cette complaisance interdite, l’ex-ministre soit poursuivi devant la Cour de justice de la République en tant qu’ancien ministre pour violation du secret professionnel, voire d’ « entrave à l’exercice de la justice ». La Cour de cassation qui doit le dire, ne semble pas pressée de se prononcer.

Pour bien comprendre les motivations des protagonistes, il n’est pas inutile de rappeler qu’à l’époque, le F. Solère pensait avoir ses chances pour une place de ministre. Il se flattait d’être proche du premier ministre Édouard Philippe. Les media lui tendaient leurs micros. Selon le scénario reconstitué par Le Canard enchaîné (13/12/2017), le député était néanmoins un peu inquiet sur l’enquête préliminaire menée par le parquet de Nanterre depuis le 6 septembre 2016, sur les soupçons sus-exprimés.

Les conclusions de l’enquête pouvaient anéantir ses ambitions ministérielles ; il en glisse un mot à son camarade Jean-Jacques Urvoas, qui lui fait passer la synthèse. Selon les règles, le parquet de Nanterre a rendu compte de la manœuvre au parquet général de Versailles, qui lui-même a fait suivre à la DACG. Puis au ministre. Nouvelle preuve s’il le fallait, de l’empressement du parquet à avertir le garde des sceaux dans les affaires « politico-financières ».

Jusqu’à présent rien ne bouge sauf quelques précisions techniques. Il est cependant piquant de savoir qu’en tant que président de la commission des lois, M. Urvoas avait, en 2015, rédigé une note sur la réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Il appelait avec conviction à une plus grande autonomie du parquet par rapport au pouvoir exécutif. Mais rien ne fut changé !

Le téléphone de M. Solère révéla des détails, par exemple le fait que son propriétaire communiquait amicalement avec Roger Le Loire, ancien doyen des juges d’instruction au tribunal de grande instance de Paris, et « aujourd’hui juge d’instruction à Nanterre » (Le Monde, 14/12/2017). Reste à savoir si la liste des « soupçons » vont pousser Mme Belloubet, ministre de la Justice, à déclencher une enquête.

Parmi les griefs retenus à l’encontre de M. Solère, pourrait être retenu un volet fiscal (il aurait omis de déclarer ses revenus entre 2010 et 2013 et aurait tu des éléments de sa déclaration faite à la Haute autorité sur la « transparence de la vie publique »). Sans doute un nouveau cas de phobie administrative. Sans parler des rumeurs de trafics d’influence lors de contrats passés durant son mandat avec des entreprises traitant les déchets.

Parmi de telles broutilles révélées sans doute par des populistes aigris, la justice devrait savoir d’abord reconnaître les mérites des partisans macroniens. Est-ce la raison des lenteurs actuelles ? Contre Fillon, les magistrats ont montré un enthousiasme au travail autrement spectaculaire.

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