Parler vrai et écrire juste

Parler vrai et écrire juste

« … Ce qui n’est pas clair n’est pas français… La langue française n’eut donc que deux sortes de barbaries à combattre : celle des mots et celle du mauvais goût de chaque siècle ».

Discours sur l’universalité de la langue française d’Antoine de Rivarol [1]

Le grand Rivarol avait oublié une barbarie à combattre mais il ne pouvait l’imaginer, le XVIIIe siècle finissant : la subversion des mots.

D’une phrase, parlons du mauvais goût de notre siècle décadent. La langue se tient quand la société se tient. Aujourd’hui, entre les anglicismes, le langage appauvri et inclusif, le verlan, les dialectes exogènes et les néologismes multiples, la langue française est massacrée, signe certain d’une civilisation quasi morte. Trois exemples de néologismes qui se sont imposés rapidement sans que personne ne s’y oppose : « au final » pour finalement, « pas que » pour pas seulement et «impacter » pour avoir des effets, des conséquences. Ces termes ne font qu’appauvrir la langue française, l’enlaidir (impacter choque une oreille musicale) et lui enlever son harmonie mélodieuse et délicate. J’ose à peine citer le « celles et ceux», tellement ridicule ce qui n’empêche nullement Macron et toutes les « huiles » de la République d’en abuser. Je leur conseille d’aller jusqu’au bout de la logique déconstructive et d’ajouter le fameux «iels » pour les neutres, sans sexe identifié !

Vous avez, sans doute, été frappés, comme moi, par le glissement sémantique des mots et des expressions dont le seul objectif est d’en changer le sens, la signification précise. Je veux évidemment parler des expressions mensongères, volontairement déformées qui en changeant le sens des mots les rendent acceptables ou, au contraire, condamnables. Ce subterfuge lexical contribue au règne du « politiquement correct », à la mise en place d’un nouveau vocabulaire digne de la novlangue de George Orwell. J’en prendrais quelques exemples que vous connaissez mais qui montrent que le mal est plus profond qu’il n’y paraît. Ce n’est pas seulement une mode ou une tentative de déconstruction de la pensée par les mots, type «wokisme», c’est une crise de civilisation qui s’attaque à ce que nous avons de plus cher : notre langue et la façon non ambiguë de l’exprimer. Lors de la cérémonie d’ouverture des JO, la chanteuse camerounaise Aya Nakamura, sortant de l’Institut, quai Conti (tout un symbole!), chanta dans un sabir compréhensible par les seules banlieues africanisées. N’est-ce pas, message subliminal, pour habituer les Français de souche à s’acculturer, c’est-à-dire à renoncer à leur culture d’origine, ringarde et dépassée ? Nous devons comprendre que le français, langue du colonisateur et de l’élite, a fait son temps et qu’il faut le remplacer par le plus petit dénominateur commun : une langue, a minima, sans grammaire ni syntaxe, enrichie d’expressions empruntées aux peuples allogènes d’où qu’ils viennent, au verlan des cités à moins que l’arabe ne mette tout le monde d’accord. Même l’argot ou les parlers régionaux ne résisteront pas au rouleau compresseur de la loi du nombre.

En attendant, parlons et écrivons simplement, clairement, en appelant un chat, un chat et les hommes politiques qui nous gouvernent des fripons. L’euphémisme, le compromis, la litote sont dans ce domaine, source de faiblesse, de lâcheté et de démission. Les grand-messes de la Francophonie [2] comme celle qui vient d’avoir lieu en octobre à Paris au Grand Palais n’y changeront rien. C’est l’arbre qui cache la forêt ou mieux, Les Français qui s’illusionnent sur la pérennité de leur langue et sa pureté académique. Peu et mal défendue, elle sombre comme le reste…

Une désinformation assumée

Il y a des glissements sémantiques dans tous les domaines, prenons en quelques-uns : la politique, par exemple, qui devrait être l’art de gouverner la Cité et de rechercher le bien commun. Lorsque les media vous parlent d’un «Français, né en France», auteur d’un crime ou d’un délit, vous comprenez immédiatement, sans qu’il soit besoin de décrypter, qu’il s’agit d’un étranger non européen, né en France, devenu Français à sa majorité sans qu’il en ait émis le moindre souhait. C’est au sens propre un Français de papier, on pourrait presque dire de faux papiers tant son attachement à la France est, dans la majorité des cas, inexistant. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)

Olivier DESTOUCHES

[1] – Voir la chronique « Défense de la langue française » dans le n° 809 de Lectures Françaises.

[2] – 88 États membres, 5e langue parlée dans le monde dont la moitié en Afrique, 321 millions de locuteurs.

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