Ce dernier ouvrage de Jean-Pierre Rey se présente comme un recueil de billets d’humeur de 4 à 10 pages maximum, chacun d’un sujet différent, mais d’un thème constant : la préparation des Jeux Olympiques de Paris 2024. Mais il est des jours où la réalité rejoint la fiction ou la dépasse !
L’esprit est perspicace, la plume est caustique, l’humour est bien présent. L’auteur qualifie son œuvre d’« Objet Littéraire Non Identifié »– OLNI –, mais aussi de « roman prophétique ».
Bienvenue chez les Phryges ! la mascotte est au bonnet phrygien. On dirait que nous sommes aux Jeux Olympiques de Seine-Saint Denis. « Ouvrons grands les Jeux », mais fermons grands les yeux !
Faites vos Jeux !
Pas de climatisation au Village olympique ! Le Cojo face à l’inquiétude des athlètes.
« Pensez-vous qu’à l’époque glorieuse des Jeux antiques, à Sparte ou à Athènes les athlètes pestaient contre la climatisation ?
« – Où, mes chers collègues, s’arrêtera la facture du bilan carbone ?… »
La puissante Fédération américaine de basket-ball lance le ballon dans la mare : « les lits installés dans les chambres du Village ont la taille standard de 90×190. Nos athlètes mesurent tous plus de 2,20 mètres »…
De sujets anodins à la question cruciale du respect des délais et des échéances, toute la diplomatie olympique est sur les dents.
Périclès, qui n’a pas inventé les Jeux olympiques mais la démocratie athénienne, doit se retourner dans sa tombe.
« Les Romains ont inventé du pain et des Jeux, nous avons inventé des dettes et des Jeux. Mais qui fera cuire le pain ? »
« La magic team : l’Élysée et son ministre des Sports, l’Hôtel de Ville et le Cojo. Ce qui fait beaucoup de caïmans féroces dans le même marigot olympique. »
Le Programme de Mobilité Apaisée : le grand bouchonnement et les supers radars pérennisés : l’enfer est toujours pavé de bonnes attentions. Nous sommes passés de la libération de l’homme par les Jeux, à la mort de la liberté qui passe par les Jeux.
La sécurité, les attentats islamistes, la fraude à la billetterie, la cyber criminalité, les incendies volontaires, les black-blocs, et pas seulement à Paris ou à Marseille :
« N’oublions pas, Mesdames et Messieurs qu’il y aura des compétitions dans la plupart des grands stades de province… »
Si l’argent est le nerf de la guerre c’est aussi le nerf de la Paix olympique.
Pour la cérémonie d’ouverture le Président a voulu briser les codes.
Qu’importe le montant des recettes puisqu’au bout du compte l’Etat financera les déficits.
Le parcours tortueux de la flamme olympique qui visite l’Outre-mer.
Le résultat des survivants, toujours à la manœuvre du « quoi qu’il en coûte »
Il faudra peut-être créer un nouvel impôt « spécial flamme olympique », à la charge des retraités.
« La fenêtre revendicative des JO c’est une fois tous les 100 ans. On ne va pas laisser passer l’occasion ! »
Réussirons-nous à éviter la paralysie sociale, le blocage des transports, la pénurie d’essence ?
« Hardi camarades ! nous sommes au matin du grand soir ! »
Pour la population parisienne c’est l’exode.
Coubertin, réveille-toi, il faut appeler le Samu psychiatrique.
Seine de crime. Folie criminelle.
Ce soir du 26 juillet, le ministre de l’Intérieur traverse le faubourg Saint-Honoré pour le rapport d’usage au Président : – Majesté, aujourd’hui la police nationale, la gendarmerie et l’armée de la République n’ont pas donné. – Merci Gérald, vous êtes un brave, répond le président en lui pinçant l’oreille. Mais demain est un autre jour.
Du chaos avec les black-blocs, à la cyberattaque venue de l’Europe de l’Est, de la canicule, le Président et la maire de Paris sont exfiltrés en hélicoptère à Versailles, en exil.
Soudain, le Président a un flash, le souvenir d’un film de René Clément des années soixante :
– La fumée, là-bas ? …Paris brûle-t-il ?
– Non Emmanuel, c’est la fumée du barbecue, au fond du jardin
Les JO de Paris : la fin d’un rêve ou d’un cauchemar ?
Éditions Glyphe, mai 2023, 216 p., 18 €
Marie RAULT-FERRÉ
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