Emmanuel RATIER a été emporté, le 19 août dernier, par une crise cardiaque, en effectuant une expédition de spéléologie, à l’âge de 57 ans. Cette disparition a provoqué une manière de « séisme » dans les milieux de la presse nationaliste de notre famille de pensée. En 1994, il avait contribué à la rédaction du 9eCahier de Chiré par un texte intitulé « Le B’naï B’rith est bien une obédience maçonnique », au terme duquel figure une note biographique dont nous reproduisons le contenu ci-dessous :
« Emmanuel Ratier est né le 29 septembre 1957, à Avignon.
« Il a milité dans le mouvement nationaliste à Rouen à partir de 1973. Responsable du Front de la jeunesse de Normandie, proche du Parti des forces nouvelles, il a dirigé et publié le bimestriel nationaliste européen Balder (1976-1979) dont nombre des bandes dessinées seront reprises par la presse nationaliste étrangère. En juin 1981, il a été candidat suppléant UDF contre Roland Leroy dans la 3e circonscription de Seine-Maritime.
« Diplômé du Centre de formation des journalistes et de l’Institut d’études politiques de Paris, il y a fondé et dirigé Réplique, journal de l’Union des étudiants des droites. Il a été élu comme représentant ce syndicat étudiant au conseil de direction de cet établissement (1981).
« Dans la lignée et sur les conseils d’Henry Coston, il a constitué une importante documentation, en particulier sur la politique fran çaise. Après avoir collaboré au Figaro- Magazine, il a travaillé au service société de Valeurs actuelles (1982-1983) puis de Magazine-Hebdo (1983-1984), avant de rejoindre Minute (1984). Il a été ré dacteur en chef (grandes enquêtes et documents) de cet hebdoma daire, responsable de son service documentation, et rédacteur en chef de sa lettre hebdomadaire confidentielle, La Lettre bleue en 1986 et 1987. Il a également collaboré au Spectacle du Monde, au Crapouillot, aux Dossiers de National-Hebdo.
« Retourné au groupe d’Alain et Elisabeth Lefebvre (qui éditèrent Magazine-Hebdo), il y a été en 1989-1990 directeur des rédactions de Questions de sécurité sociale, L’Officiel protection sécurité, Ten dances sociales et syndicales, La Tribune parlementaire. D’octobre 1989 à janvier 1994, il fut le principal rédacteur de La Lettre de Magazine-Hebdo, lettre hebdomadaire confidentielle de droite ».
A l’époque, il avait publié quatre ouvrages, dont nous rappelons les titres en fin de cette notice. Depuis 1994, ses activités n’ont cessé de se développer. Le 1er mars 1996, il publia le premier numéro de sa lettre confidentielle Faits & Documents (dont venait de paraître le n° 400 au moment de sa mort) 1. En 2005, il ouvrit à Paris, la Librairie Facta et, pendant plusieurs années, fut patron et directeur de nombreuses émissions sur Radio Courtoisie. Tout au long de ses trente années de travail, il accomplit une considérable tâche de recherches, de documentation et d’archivage politiques et culturels. Les conclusions et constats qu’il en a tirés restent d’une incomparable utilité pour tout historien ou simple curieux désireux de connaître les dessous ou la face cachée des milieux politiciens contemporains. Il n’avait pas son pareil pour rapprocher les différents éléments de l’itinéraire d’un homme politique et ensuite les révéler au public dans des ouvrages dont certains, jamais démentis ni contestés, sont toujours très « dérangeants » pour les personnages qui y sont « épinglés ». C’est en particulier le cas pour deux livres majeurs que sont Au cœur du pouvoir. Enquête sur le club le plus puissant de France (initialement paru en 1996 et dont la 3e édition a été publiée il y a quelques mois, au début de cette année 2015) et Le vrai visage de Manuel Valls (2014). Le « club le plus puissant de France » est Le Siècle, qui réunit les représentants de la quasi-totalité du pouvoir politique, économique, financier ou médiatique français. Soit environ 600 personnes qui concentrent entre leurs mains l’essentiel de la destinée de notre pays. On peut le qualifier de « bottin de la ploutocratie ».
Plus récemment (nous dit Francis Bergeron, dans le n° 8422, 21 août 2015, du journal Présent, qui lui rend un vibrant hommage), ils préparaient ensemble le projet de constituer un centre d’archivage et de conservation du patrimoine identitaire européen. En association avec Anne Brassié et Eric Delcroix, Ratier avait fait l’acquisition d’importants locaux (un bâtiment de 900 m2) dans lesquels il avait regroupé d’énormes quantités d’archives, de livres, de journaux, d’affiches et de tracts, dont il avait entrepris d’effectuer le classement…
Pour notre part, nous avons régulièrement entretenu d’excellentes relations avec lui : nous citions réciproquement et régulièrement les contenus de nos publications. En 2011, il avait répondu à notre invitation pour intervenir lors de nos Journées chouannes. Hélas, une hospitalisation l’avait empêché d’effectuer le déplacement. Nous n’hésitons pas à affirmer qu’il reste actuellement le meilleur documentaliste français, non-conformiste, « incorrect », libre, indépendant et totalement impartial, puisqu’il ne sent tient qu’aux faits. Mais ces faits, il savait les chercher et les trouver, les découvrir au terme d’investigations rigoureuses et les mettre à la disposition du public qui, il faut bien l’admettre, n’est abreuvé, de façon superficielle, que par ce que « ceux qui font l’opinion » condescendent à divulguer (cf. notre n° 697, mai 2015, p. 59).
De son côté, Anne Le Pape (Présent, n° cité) brosse ainsi son portrait : « Ce bourreau de travail se doublait d’un homme plein d’humour, cultivé sans la moindre pédanterie, prévenant, curieux d’esprit, appréciant la bonne chère goûtée dans l’amitié, et c’est celui dont l’image nous reste dans le cœur ». Hélas, dit F. Bergeron, « issu de la nouvelle droite, Emmanuel n’était guère attiré par les consolations de la religion ». Toutefois, une messe a été célébrée à son intention, le 21 août dans la chapelle Notre-Dame de Consolation à Paris (VIIIe arrondissement).
Nous présentons à son épouse, Véronique et leurs trois filles, l’assurance de notre amitié et de nos très sincères condoléances.
Rappel de ses différents ouvrages (tous parus aux Editions Faits et Documents puis Facta) :
•Encyclopédie de la politique française, 1981-1992. Tome I (1992). Tome II (2005). Ces deux ouvrages peuvent être considérés comme suite et complément des quatre volumes de l’indispensable Dictionnaire de la politique française, établi par Henry Coston (entre 1967 et 1982).
•Au cœur du pouvoir (1996, 2011 et 2015). Edition actualisée.
•Mystères et secrets du B’naï B’rith. La plus importante organisation juive internationale (1993).
•Encyclopédie des pseudonymes. Tome I (1993). Tome II (1994).
•Le vrai visage de Patrick Gaubert (1994).
•Le vrai visage de Jacques Chirac (1995).
•Les guerriers d’Israël. Enquête sur les milices sionistes (1995).
•Encyclopédie des changements de noms.Tome I, 1963-1982 (1995). Tome II,1982-1997 (1998). Tome III, 1998-2012 (2014).
•Les Chrétiens de Gauche (1998).
•Ras l’front : Anatomie d’un mouvement antifasciste (1998).
•Éphémérides nationalistes (1999).
•Le vrai visage de Manuel Valls (2014).
Nous recommandons vivement la lecture parmi ces titres de ceux qui sont encore disponibles