2017, triste anniversaire de la promulgation des 95 thèses hérétiques. Dans la citadelle de Pierre, la plus haute autorité a intronisé en grandes pompes une statue de Luther, irréconciliable ennemi de la Foi catholique. Alors voici de quoi rendre la monnaie de sa pièce à un homme dont l’Europe lui doit directement son état de délabrement religieux, moral, politique, social et économique actuels. La pensée du personnalisme est la base de la pensée « dite » occidentale actuelle. Retour sur un serviteur des noirceurs de l’âme. Vous trouverez sur la gauche et tout le long, des livres historiques fouillés sur la question de celui qui a osé « protester ».
Lu dans La Plume du Foyer :
Moi, Mélanchton, disciple de Luther, partisan de la Réforme qui secoua le joug multiséculaire du papisme, ai reçu cette nuit une vision troublante que je ne puis consigner ici qu’en tremblant. Sur les coups de minuit, alors que j’étais déjà au lit depuis près de trois heures, j’entendis une longue plainte qui me fit hérisser les cheveux. Une silhouette aux contours rougeoyants, environnée de flammes, apparut à côté de ma couchette. « Quoi, maître, est-ce vous, m’exclamai-je en reconnaissant Luther ? ».
Et malheureusement, par ce que je ne pourrai qu’appeler un miracle, ma mémoire enregistra tout ce que le misérable avait à me dire. « Ce que je vais te dire, répéta-t-il, n’est rien d’autre que le récit de ma vie, telle qu’elle a été, et non comme elle est racontée par les panégyristes protestants. Tu publieras ce récit pour que les gens sachent et qu’ils cessent de tomber en enfer, ce qui accroît considérablement mes peines. »
Il commença alors le récit de sa vie: « Je suis né le 10 novembre 1483, à Eisleben, en Saxe. Mon père était ardoisier et s’établit l’année suivante à Mansfeld. Mon enfance fut triste.
« Sainte Anne, venez à mon secours, je serai moine ! ».
Me voyant sain et sauf, à peine quinze jours après et en dépit des objurgations de ma famille, j’entrai au couvent des Augustins d’Erfurt.
Herr doktor Martin Luther… c’est de cette époque que date ma descente vers l’hérésie. J’étais avide de perfection, mais sans l’action de la grâce envers Dieu : « M’appuyant sur mes œuvres (extérieures), je me confiais, non pas en Dieu, mais en ma propre justice ». Mes échecs me troublèrent. Pour oublier mes soucis, je m’étourdis dans l’action, négligeant mon bréviaire que je m’habituai peu à peu à réciter le samedi, pour toute la semaine.
« Pecca fortiter sed crede fortius » (pèche fortement mais crois plus fortement encore). Ingénieuse solution qui supprimait mes troubles en même temps que mes efforts pour atteindre la perfection. Je crus trouver alors la paix intérieure : en fait, j’étais tombé d’un excès dans l’autre.
Entre temps, 1517 arriva. À Rome, comme tu le sais, les papes entreprenaient la construction de la basilique saint Pierre et accordaient des indulgences aux donateurs qui contribuaient à son érection. Des critiques s’élevèrent, se joignant à celles déjà existantes contre le clergé. Je sautai sur l’occasion : mes quatre-vingt-quinze thèses ne tardèrent pas à attirer l’intention.
Le 10 décembre 1520, je brûlai la bulle pontificale, ce qui signifiait mon excommunication. Soutenu par les princes allemands, la mise au ban de l’Empire, promulguée par Charles Quint lors de diète de Worms (1521), ne me toucha guère. Je m’enfermai pour un an à la Wartburg, presque comme un ermite, pour attendre mon heure, tandis qu’une habile propagande s’opérait en Allemagne.
En 1522, j’anathématisais la secte des anabaptistes de Wittenberg. En 1525, ce fut la révolte des paysans allemands, se réclamant de ma doctrine. Craignant de perdre le soutien des nobles, j’encourageai la répression : « Déchaînez-vous, chers seigneurs, sauvez-nous, ayez pitié de nous, exterminez, égorgez… Nous vivons des temps si extraordinaires qu’un prince peut plus aisément mériter le ciel en versant le sang, bien plus aisément que d’autres en priant ». La même année, je quittai l’habit religieux pour vivre en concubinage avec Catherine Bora, religieuse défroquée. C’est à cette époque que j’écrivis des livres orduriers contre le mariage et la sainteté, accompagné de maintes gravures scatologiques.
En 1530, ce fut toi, Mélanchton, oui toi, qui élaboras la Confession d’Augsbourg (unique profession de foi luthérienne reconnue en 1555 dans l’empire des Habsbourg). Seize ans plus tard, le 18 février 1546, après une affreuse agonie, je comparus au tribunal divin. Ma vie repassa devant mes yeux ainsi que le résultat funeste de mes doctrines : perte de l’unité allemande, affaiblissement de l’Europe face aux Musulmans, l’avènement de l’homme qui devient Dieu, la Révolution… mais aussi le Concile de Trente et ses excellentes réformes qui me firent grincer des dents. Ah ! Il aurait mieux valu pour moi que je ne sois jamais né ! ». Là-dessus, poussant un cri terrible, le malheureux disparut laissant une acre odeur de brûlé. Oui, vraiment, ce Luther que j’estimai commença à
Ce récit est une fiction. Cependant, nous nous sommes appuyés pour le faire sur des traits connus de la vie de Luther. Nous avons attribué le récit à Mélanchton, disciple de ce dernier. En cette année 2017, cinq centième anniversaire de la révolte de Luther à Wittenberg, il faut le faire mieux connaître.
La Plume du Foyer, n°41, janvier-février 2017