Depuis des années, les institutions européennes ont choisi de fermer les yeux devant les vagues migratoires tout en réclamant des Etats concernés de se montrer « généreux ».
Les arrivées massives, depuis plusieurs semestres, à destination de l’Italie et de la Grèce, d’embarcations surchargées et parfois leurs naufrages, ont contraint les chefs d’Etats et de gouvernements européens de se réunir. Plus exactement ce furent les reportages télévisés qui canalisèrent l’émotion publique à laquelle les dirigeants politiques se crurent obligés de répondre. Pour calmer cette émotion, et pas vraiment pour prendre des mesures fermes, un sommet « extraordinaire » s’est tenu à Bruxelles le 23 avril pour ébaucher une « réponse » de l’U.E. Des propositions furent faites sur forme d’un plan d’action en dix points. Pour l’accueil des milliers de réfugiés, l’idée allemande de quotas par pays a été d’abord écartée par la plupart des Etats puis reprise dans un plan global présenté un mois plus tard. Les propositions qui furent faites et leur sort montrent la limite des volontés. Je note entre autres que l’ « effort systématique » annoncé pour capturer et détruire les embarcations des passeurs, s’est avéré impossible pour des raisons techniques, juridiques et autres. On a aussi appris que la prise systématique des empreintes digitales des arrivants était déjà le plus souvent contournée… En revanche, la Commission européenne ne fléchit pas sur la répartition des demandeurs d’asiles dans les Etats de l’U.E. On ne parle plus de « quotas » par pays mais d’une « clé » fixée selon divers critères : nombre d’habitants, produit intérieur, taux de chômage, etc. En gros, pour une première « tranche » de 60 000 « réfugiés » – donc il y en aura d’autres –, Bruxelles propose d’abord une répartition étalée sur deux ans de 40 000 Syriens et Erythréens. Sans rentrer dans les décomptes, relevons ce qui concerne notre pays. La France devra accueillir 9 127 migrants sur deux ans, surtout des réfugiés d’Irak et de Syrie. Mais le président Jean-Claude Juncker a déjà demandé que la France en accepte davantage. Il incombera à l’Italie et à la Grèce de prendre les empreintes digitales de tous les demandeurs. Frontex et Europol les aideront afin d’évaluer le statut exact des personnes. (Les services de renseignement ont mis en garde contre l’infiltration de terroristes parmi les arrivants). Un budget de 50 millions d’euros est prévu pour ce projet qui a été assez mal accueilli. Le Royaume-Uni, la Hongrie l’ont vivement critiqué ; les Etats baltes, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie ont clairement dit leur hostilité. La France, par la voix de MM. Valls et Hollande, a montré sa réticence. Sans plus. Au moment où la courbe du chômage continue de monter, il faut montrer patte blanche à Bruxelles.