Les Pirates juifs des Caraïbes, par Edward Kritzler

Les Pirates juifs des Caraïbes, par Edward Kritzler

C’est un extraordinaire ouvrage que nous a proposé l’auteur juif Edward Kritzler, traitant d’un sujet que seuls des historiens « initiés » peuvent aborder sans risquer de subir les foudres de l’historiquement correct. Il s’agit de l’époque où l’élite juive internationale, dissimulée en grande partie derrière un hypocrite déguisement chrétien, était représentée par les fameux Sépharades des royaumes d’Espagne et du Portugal. Ils pouvaient être banquiers, ministres, hommes de loi ou armateurs, même évêques ou cardinaux, tandis que d’autres, ceux auquel cet ouvrage est en partie consacré, avaient opté pour la voie plus aventureuse de la piraterie. Ils surent constituer au fil du temps un formidable réseau d’espionnage doublé d’une puissance commerciale et militaire de premier plan. Nous serions tentés de citer pratiquement tout l’ouvrage, tant il fourmille de remarques et de rappels historiques intéressants et révélateurs :

« Les marchands juifs finançaient les razzias dévastatrices des Maures sur les cités côtières d’Espagne et d’Italie, les fameux raids esclavagistes barbaresques. Ensuite, les deux alliés se partageaient le butin, dont les épices d’orient et les chrétiens réduits en esclavage – la Méditerranée étant devenue le foyer d’une florissante industrie d’enlèvements. » (p. 88).

On remarquera que l’auteur n’éprouve absolument aucune compassion pour les chrétiens humiliés et réduits à l’état de simple marchandise. Il semble au contraire trouver cela parfaitement normal… La traite négrière n’est pas en reste puisqu’on apprend qu’il s’agissait d’un monopole juif, ce qui est logique puisque l’industrie du sucre était, aux dires de l’auteur, également entre leurs mains. On citera cette réflexion digne d’un Jacques Attali au sujet des puissants marranes de la calviniste Amsterdam, devenue pour l’occasion la fameuse Jérusalem hollandaise :

« Les marranes revenus au judaïsme firent peu à peu de cette cité une sorte de supermarché mondial, en tout cas l’un des centres commerciaux le plus riches du monde » (p. 138).

Pour ce qui est des juifs des Caraïbes, l’accent est mis sur leur rôle dans l’établissement d’un redoutable réseau de piraterie basé à Port Royal, en Jamaïque, écumant les océans et mettant à mal les navires appartenant aux Espagnols, et où ils auraient bénéficié de la protection de… Christophe Colomb. L’initiateur d’un tel projet fut le conseiller et espion d’Oliver Cromwell, le fascinant Antonio Carvajal, surnommé « The Great Jew ». Les sources utilisées par l’auteur sont nombreuses et excellentes, il se permet même de citer certains documents issus des archives de l’Inquisition. On en apprend aussi beaucoup sur l’histoire des marranes (ou crypto-juifs) du Brésil et du Pérou principalement chercheurs d’or, trafiquants ou négriers toujours à l’affut d’une bonne affaire. Ils bénéficièrent de la protection des Hollandais, puis de celle des Anglais, étant toujours disposés à leurs prêter main forte pour affaiblir la catholique Espagne envers laquelle ils cultivaient une haine que rien ne semblait être en mesure d’assouvir.

Éditions de l’Éclat, format de poche, 2017, 384 p., 9 €

I. C.

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