Les nouveaux visages de l’ésotérisme, par le père Jean-Christophe Thibaut

Les nouveaux visages de l’ésotérisme, par le père Jean-Christophe Thibaut

Ce livre propose d’analyser de manière détaillée la fausse spiritualité qui règne de nos jours dans notre société déchristianisée. L’auteur, lui-même ancien occultiste devenu prêtre catholique, dresse un état des lieux dont on retiendra la qualité documentaire et les rappels historiques importants, nous rappelant qu’il n y a absolument rien de nouveau dans cette espèce de bouillie mystique promue depuis des décennies par le Nouvel Ordre Mondial :

« Le phénomène est loin d’être nouveau puisque les premiers chrétiens l’avaient déjà affronté en leur temps, en particulier les Pères de l’Église, tels Irénée de Lyon, Clément d’Alexandrie, Origène ou encore Évagre le Pontique. » (p. 17)

Le père Thibaut trace les portraits des gnostiques Marcion et Valentin, suivi de Mani (Manès), insistant sur l’influence que leurs systèmes biscornus exercèrent au fil des siècles, et que d’autres n’ont  fait que réactualiser. Il étudie également l’inquiétante promotion de la magie, du spiritisme (suivi du spiritualisme), de la théurgie, du néo-paganisme qui nous renvoie aux temps qui précédèrent l’avènement du christianisme, où les hommes se perdaient dans l’adoration d’eux-mêmes en se livrant à ces croyances improbables. L’accent est mis sur le New Age et ses précurseurs comme la société théosophique d’Helena Blavatsky, mais dont le principal inspirateur fut en réalité l’ésotériste français Paul Le Cour, rival de René Guénon et auteur d’une célèbre Ère du Verseau publiée en 1937. On appréciera les distinctions capitales faites entre la vraie religion et le gnosticisme/ésotérisme proposées notamment sous la forme d’un tableau comparatif à la fin de l’ouvrage. Les lecteurs d’Alain Pascal et d’Étienne Couvert ne seront pas dépaysés par ce qui constitue un très bon complément d’étude à leurs travaux respectifs.

On remarquera que le père Thibaut balaye d’un revers de la main le problème de la judéo-maçonnerie, ainsi que l’existence du complot synarchique et des Illuminati. C’est son droit. Nous n’aurons de toute façon pas l’outrecuidance de lui reprocher cette prise de position, dans la mesure où cela n’enlève rien à la qualité de sa réflexion. Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas de citer parmi ses nombreuses sources La Conjuration des Illuminés d’Henry Coston [1] mais aussi Le Pouvoir occulte : fourrier du communisme de Jacques Bordiot [2] dont il encourage la lecture.

Si le constat est lucide, l’auteur se veut toutefois optimiste, nous rappelant que nous vivons un temps d’épreuve et que notre foi, tout comme notre espérance, doivent en sortir fortifiées :

« Peu à peu, sans que nous en prenions vraiment conscience, le changement de paradigme annoncé par les prophètes du New Age poursuit son œuvre et la mentalité magique gagne chaque jour du terrain, subrepticement. Peu à peu, toutes ces visions ésotériques finissent par effacer dans les esprits et les cœurs de nos contemporains les valeurs évangéliques héritées de plus de deux mille ans d’une lente et patiente évangélisation. » (p. 308)

Éditions Artège, 2022, 342 p., 29 €

I. C.

[1] – Publications H. Coston, 1979 (épuisé).

[2] – Éditions de Chiré, 1976. Seule l’édition reliée est encore disponible.

 

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