Trois mois après les élections européennes (cet article a été rédigé en septembre 2024, NDLR) qui ont eu lieu du 6 au 9 juin 2024 dans les 27 pays de l’Union européenne (UE), il est temps d’en faire le bilan et d’en tirer des conséquences politiques.
Mais avant, une remarque liminaire s’impose qui éclaire et explique parfaitement le jeu politique au Parlement européen : la réélection à la tête de la Commission européenne d’Ursula von der Leyen (PPE, allemande) pour cinq ans.
Von der Leyen reconduite par les chefs d’État et de gouvernement
Rappelons que le tribunal de première instance de la Cour de justice de l’UE a publié deux arrêts qui condamnent l’action de Madame von der Leyen dans l’affaire de l’achat de « vaccins » par la Commission européenne au laboratoire pharmaceutique américain Pfizer pour lutter contre le Covid. Il y avait, en effet, un conflit d’intérêts évident entre sa fonction à la tête de la Commission européenne et la position de son mari, médecin biologiste, travaillant pour un sous-traitant de Pfizer. N’importe quel citoyen de l’UE aurait été poursuivi et condamné pour de tels agissements, pas Madame von der Leyen qui est manifestement au-dessus des lois.
L’article 17 du Traité sur l’Union européenne (TUE) fixe les conditions de nomination du président de la Commission européenne :
« En tenant compte des élections au Parlement européen […] le Conseil européen, statuant à la majorité qualifiée, propose au Parlement européen un candidat à la fonction de président de la Commission. Ce candidat est élu par le Parlement européen à la majorité des membres qui le composent […] Le Conseil, d’un commun accord avec le président élu, adopte la liste des autres personnalités qu’il propose de nommer membres de la Commission [1] ».
Cela signifie que non seulement les chefs d’État et de gouvernement des 27 n’ont pas tenu compte des forts soupçons qui pesaient sur Madame von der Leyen puisqu’ils l’ont proposée au Parlement européen mais que ce dernier n’a pas davantage émis la moindre réserve ou suspicion légitime sur celle qu’il devait élire. La prolongation du mandat de la « prévenue » démontre que l’Allemagne est toujours le patron de l’Europe et que la pression du PPE est toujours aussi efficace sur les gouvernements européens.
En effet, Madame von der Leyen a obtenu 401 voix au premier tour alors qu’il lui en fallait 360. Il y a eu 284 voix contre, 6 bulletins blancs et 15 abstentions. Même si le vote a eu lieu à bulletins secrets, on peut imaginer qu’elle a bénéficié du soutien du PPE (188 députés), sa famille politique, ainsi que des deux autres groupes qui forment la coalition majoritaire : les socialistes (136 sièges) et les libéraux (77 sièges), groupe présidé par Valérie Hayer dont font partie les élus macronistes. Si l’on additionne le nombre de députés de ces formations, on arrive au chiffre fatidique de… 401 soit le résultat de Madame von der Leyen !
La réalité est un peu plus complexe : si elle a eu des défections (peut-être les députés français de LR avec François-Xavier Bellamy et des députés slovènes), elle a eu des voix en plus comme une bonne partie des Verts (53 sièges) sauf les Verts français. En revanche, ceux qui ont voté contre la candidate des Américains, de l’Europe fédérale et du mondialisme sont clairement identifiés : ce sont le groupe des Patriotes pour l’Europe (84 députés), groupe présidé par Jordan Bardella, le groupe ECR (conservateurs et réformistes européens) avec 78 élus qui comprend les élus de Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, la gauche radicale (46 députés), groupe présidé par Manon Aubry de LFI, les 25 députés de l’Europe des Nations souveraines et, enfin, la majorité des Non Inscrits (33 députés) soit 266 députés.
Comme le dit fort justement l’économiste Bernard Monot, ex-député européen :
« Ursula von der Leyen continuera sa spirale infernale des politiques “progressistes” inféodées aux injonctions du parti démocrate américain. Ainsi dans l’Agenda stratégique 2024-2029, la politique économique s’articulera en priorité sur des subventions budgétaires accordées au pacte vert pour l’Europe, au soutien financier inconditionnel à l’Ukraine et à la santé, contre les nouvelles « pandémies »… Au niveau de l’immigration légale et illégale, arme du nouvel ordre mondial, l’UE, alignée sur l’ONU, appliquera le pacte de Marrakech, adopté en 2018 qui, fondé sur le plan “paneuropéen” de Coudenhove-Kalergi, conduira à la submersion migratoire des peuples d’Europe ».
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Olivier DESTOUCHES
[1] – Dans les faits, chaque gouvernement nomme la personnalité politique qui lui convient. Il y a cinq ans, Macron avait nommé Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur et ancien ministre de l’Économie et des Finances de Jacques Chirac de 2005 à 2007.
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