Les casseurs en réseaux
Pendant plus de trois mois, les manifestations théoriquement organisées pour faire céder le gouvernement socialiste sur la loi travail, ont presque toutes abouti à des combats de rue, proches de la guérilla urbaine entre des groupes de « casseurs » bien entraînés qui ont visé davantage les forces de l’ordre que les boutiques même si les dégâts sur les équipements publics et privés ont été impressionnants. Partout les gendarmes ou policiers ont souligné, à leur encontre, une vraie volonté de blesser ou pire.
Face à cette détermination de se « faire un flic », les forces de l’ordre sont désarmées. Si elles ripostent efficacement, elles risquent d’être mises en garde à vue. Car les émeutiers ont des copains chargés au moment des « bastons », de filmer les frictions et tout ce qui pourrait permettre de porter plainte !
Qui sont ces « casseurs » très au fait des pratiques révolutionnaires de l’agitation des foules ? « Un petit noyau extrêmement déterminé politiquement » pour le ministère de l’Intérieur ; des « voyous » pour Manuel Valls qui, sous prétexte que l’AFA est sans forme juridique, dit qu’il ne peut la dissoudre. En réalité nous retrouvons les « antifas » (pour antifascistes), des extrémistes de gauche, des altermondialistes de gauche, qui ont rodé depuis quelques années les techniques de combats de rue par des petits groupes très mobiles, et très violents.
Pour leurs tactiques de guérilla, c’est encore le nom de « Black blocs » qui les désigne le mieux. Parmi ces quelque 3 000 militants se trouvent des « anarcho-autonomes », des intermittents, des précaires, des chômeurs. Parfois des vieux étudiants, des écologistes, des enfants de la bourgeoisie, car leur engagement suppose du temps libre et quelques ressources.
Il s’agit à nouveau de ces groupes informels et donc peu discernables dont nous avions parlé lors de l’affaire Méric (cf. notre n° 692). Ils se déplacent en France, sur les ZAD à « soustraire à la loi », comme Notre-Dame-des-Landes, à l’occasion de manifestations syndicales, ou à l’étranger pour prêter main forte à leurs collègues. On cite L’Action antifasciste Paris-Banlieue (AFA), ou le Mouvement inter luttes indépendant (MILI), parce que quelques-uns ont donné des entretiens à certains media, mais c’est une nébuleuse de groupuscules – une dizaine de personnes – qui se rallient à l’occasion. Le MILI a été fondé en 2013 lors de « l’affaire » Leonarda ! Ils s’inspirent des Redskins des années 1980 du Scalp (Section Carrément Anti-Le Pen).
Le gouvernement socialiste a tenté de neutraliser ceux qu’il appelle les « têtes de réseaux » et en s’appuyant sur l’état d’urgence, il a pris des arrêtés d’interdiction de manifester… qui se sont avérés à peu près inopérants. Dans les manifestations, les casseurs s’adaptent à la répartition des groupes, prennent souvent la tête et lancent les slogans. Bien entendu, ils attribuent l’affrontement à la seule présence policière et sa violence.
On peut prendre comme exemple de la réaction « antifas », la marche de plusieurs centaines d’activistes rassemblées en mémoire de Clément Méric, tué accidentellement lors d’une bagarre il y a trois ans. Les manifestants ont jeté des fumigènes et des projectiles sur les CRS qui ont répliqué avec des lacrymogènes. Cagoules noires, drapeaux rouges, véhicules renversés, destruction de matériels urbains, tags, bris de vitrines. La routine.
Ce qui est plus intéressant c’est de connaître les slogans de ces jeunes énervés : « Tous les flics sont des bâtards », « tout le monde déteste la police », « pas de fachos dans le quartier, pas de quartier pour les fachos ». Et pourtant… « sur les 90 personnes arrêtées… quatre ont été mises en garde à vue … puis relâchées ».