Après moult réunions, tractations et tensions durant plusieurs mois, le 30 juin dernier, celui qui était directeur des rédactions du journal Le Monde, Jérôme Fenoglio a recueilli 68,44 % de oui après un vote des journalistes. En fait ce très « long processus » – seize mois après la démission de la dernière directrice ! – est le symptô- me d’une vraie crise de gouvernance. Il a fallu que M. Fenoglio, candidat désigné par les actionnaires majoritaires (Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse-« BNP ») se représentât une seconde fois pour atteindre la barre des 60 % nécessaires.
Il n’a travaillé qu’au Monde depuis vingt-quatre ans
De formation, il est journaliste et il n’a travaillé qu’au Monde depuis vingt-quatre ans. Âgé de 49 ans, il est titulaire d’une maîtrise de lettres modernes. Au quotidien du soir, il fut employé dans différents secteurs et se vit assigné à la curieuse rubrique « exclusion » au service « Société ». Sept ans plus tard, il en devint le chef durant six ans. Il tâta du service « Sciences », puis du numérique et, peu à peu, il gravit les étapes du cursus : grand reporter, il a été poussé directeur des rédactions en mai 2014.
Pour les initiés, il doit son poste à l’insistance de Pierre Bergé qui, à plusieurs reprises ces dernières années, était directement intervenu pour évincer tel ou tel candidat au caractère trop marqué. On peut penser que le nouveau directeur est on ne peut plus très politiquement correct. A l’évidence, directement ou indirectement, le pouvoir veille à cette orthodoxie aux postes-clés.
Certains mauvais esprits ont souligné les médiocres capacités du nouveau directeur dans les points forts du Monde : la politique française, l’étranger et l’économie. Heureusement le quotidien peut compter sur une pléthore de plumes compétentes dans ces domaines.