Lecture et Tradition : Jérôme Arnauld des Lions, vous êtes l’auteur du Mousquetaire noir, paru aux Éditions du Drapeau blanc en 2023, et nous vous remercions d’avoir accepté cet entretien. Pourriez-vous tout d’abord vous présenter à nos lecteurs ?
Jérôme Arnauld des Lions : Vétérinaire équin et aussi amateur d’histoire et de vieilles pierres, j’ai consacré une partie de mon temps libre à la sauvegarde du patrimoine. Même si le lien entre les deux peut paraître surprenant, il y a une logique commune dans ces activités qui relèvent d’une démarche scientifique similaire. Un être vivant comme un bâtiment, quand il souffre, doit faire l’objet d’une attention particulière pour établir un diagnostic construit à partir de l’observation d’un certain nombre de symptômes. Cette étape est fondamentale afin de bien cerner le mal à combattre et pour pouvoir mettre en œuvre par la suite le ou les traitements les plus adaptés pour obtenir une guérison le plus rapidement possible. La démarche historique constructive s’inscrit également dans la même approche.
Impliqué tout jeune dans les recherches généalogiques, j’ai très vite pris goût à retracer les événements qui ont marqué des lieux et des familles. Pour comprendre un site au riche passé, rien de telle qu’une approche historique, de sa fondation à ses transformations successives, guidée par une connaissance des familles qui y ont vécu. Hélas, le temps efface bien des choses et fait disparaître, avec le renouvellement des générations, beaucoup de souvenirs qui étaient ancrés dans les mémoires. Quand ce constat est fait, il ne reste plus qu’à prendre sa plume pour s’inscrire dans une logique de sauvetage du patrimoine oral qui est sans aucun doute le plus éphémère.
L. et T. : Le titre de votre roman, Le Mousquetaire noir, sonne plutôt bien. S’agit-il d’un roman historique proprement dit, ou bien le titre n’est-il que métaphorique ?
J. A. des L. : Ce titre fait volontairement référence à la deuxième compagnie des Mousquetaires du Roi, les Mousquetaires noirs, à laquelle appartenait le personnage principal. Cette appellation leur avait été donnée en raison de la couleur noire de la robe de leurs chevaux. Nous sommes donc bien dans un roman historique où les événements et le contexte s’inscrivent totalement dans la réalité historique de l’époque.
Il ne s’agit évidemment pas de raconter encore une nouvelle version des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas, vus et revus, voire surexploités par le cinéma. Le récit est original et se situe dans un contexte historique où nous n’avons pas l’habitude de voir ces militaires bien connus.
L. et T. : À quelle époque l’intrigue du livre se déroule-t-elle donc ? Sur quels documents ou sur quels faits historiques vous êtes-vous notamment appuyé pour le rendre vraisemblable et fidèle à la réalité ? Ces pages remettront-elles au clair les idées de certains lecteurs ?
J. A. des L. : Notre intrigue se déroule dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle avec un aboutissement au moment de la période révolutionnaire. Le récit est inspiré d’une et je devrais même dire de deux histoires vraies, car il y a plusieurs personnages qui se rattachent à des éléments vécus par différentes familles.
La description du contexte et des conditions de vie de l’époque a nécessité de nombreuses recherches historiques pour bien resituer la chronologie des événements de cette période. Certains faits ne manqueront pas de rappeler des souvenirs aux connaisseurs ou aux amateurs d’histoire du XVIIIe siècle. Pour ne citer qu’un exemple, la dissolution de la Maison du Roi avec de nombreuses unités parmi lesquelles les plus fidèles au régime royal comme les deux compagnies de Mousquetaires est une réalité historique, motivée à l’époque par des soucis d’économie en période de crise financière. Peu d’historiens se sont intéressés à ce sujet qui est pourtant une composante importante pour mieux comprendre la fragilité des institutions royales au moment de la Révolution. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)
Propos recueillis par la rédaction
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