Le dogme de l’antiracisme, par Pierre de Meuse

Le dogme de l’antiracisme, par Pierre de Meuse

Juriste de formation et enseignant, Pierre de Meuse, déjà connu pour sa passionnante remise en cause de la modernité par la galaxie contre-révolutionnaire [1], nous offre à présent l’analyse de l’une de ses principales conséquences : l’antiracisme [2]. Nous suivons avec passion l’itinéraire d’une idéologie nourrie de la théorisation des races effectuée par les Lumières, de la conscience de la nécessaire émancipation de l’homme ainsi que celle d’un égalitarisme toujours plus unificateur.

Un discours de nature religieuse

Le discours sur l’antiracisme est fondamentalement de nature religieuse. Ainsi, le racisme est-il considéré comme le péché le plus détestable de notre époque. L’hitlérisme est à l’origine de son assimilation au Mal. Le législateur avec la loi Pleven de 1974 en a fait un délit. Considéré d’abord comme un comportement, puis comme une opinion, ce délit est de plus en plus largement condamné par un juge devenu confesseur pour mieux éradiquer le mal. Face au péché raciste, mais aussi au soupçon de ce péché, le droit pénal et la vérité du réel de la tradition, ne tiennent pas. Mais l’avènement de « l’humanisme messianique » est à ce prix. Pierre de Meuse analyse de façon magistrale l’engrenage mortifère dans lequel sont alors plongés notre droit et nos traditions, désormais soumis à une véritable police de la pensée.

« Un complexe émotionnel de diabolisation » est mis en place pour imposer la morale de cette nouvelle pensée. Le nouveau Mal est le racisme ; pour le combattre on utilisera son contraire, l’antiracisme qui paralyse l’ennemi. Cette arme sera complétée par le principe de non-discrimination. Selon Pierre de Meuse, nous sommes ici face à deux « systèmes logiques d’ordre différents liés par une immuable complémentarité ». L’analyse qui suit est profonde. À l’origine, la non-discrimination est une clause juridique dont l’objectif est de favoriser la circulation des marchandises voulue par la politique anglaise. Signe de la liberté économique, elle s’est déplacée dans le domaine politique pour devenir un principe universel applicable à tous les rapports humains. L’antiracisme est une technique d’intimidation destinée à s’opposer à tout ce qui s’oppose à l’indifférenciation. Il permet de liquider les forces politiques conservatrices attachées à la transmission.

Un enjeu de civilisation

Les conséquences de ces a priori sont incalculables. Tous les groupes naturels de la société traditionnelle sont condamnés, toute solidarité devient discriminatoire, les groupes jusque-là ignorés ou même indésirables revendiquent à leur tour, la recherche considérée comme valeur de progrès peut être disqualifiée parce que facteur de différence. Les Droits de l’Homme de 1789 et 1947 pourraient être un rempart à ces dérives. Il n’en est rien, bien au contraire. Ils sont, en effet, le résultat d’une construction idéologique qui, au nom de l’individu, rejettent les communautés naturelles, la diversité du monde humain, la nature telle qu‘elle nous est donnée. Doit être banni tout ce qui n’entre pas dans le schéma volontariste du nouveau contrat social, à commencer par la famille et la nation, telles qu’elles nous ont été transmises. Le monde qui nous a fait, nous est petit à petit arraché.

Nous devons donc aller plus loin car, si nous sommes des êtres humains faits d’un corps et d’une âme, le sacré de nos vies ne peut nous être arraché que par un autre sacré. Telle est la mission dévolue à l’antiracisme et à la non-discrimination : porter un nouveau messianisme, non plus tourné vers le Ciel, mais vers la terre. Désormais, le salut par le sacrifice de soi doit se réaliser, non pas dans « l’Autre monde », mais dans celui dans lequel nous vivons. Un nouveau sacrifice est né : « les meilleurs doivent céder aux plus faibles ». Pour atteindre ce but il faut transformer l’Homme afin de le rendre capable de « défavoriser ses propres membres par rapport à ceux du dehors », même au risque de les discriminer. Mais tout cela ne cache-t-il pas un racisme de supériorité ?

Un nouveau racisme est arrivé

Les Français, surtout les plus faibles, en sont les victimes, affrontés qu’ils sont tout au long de leur journée à la préférence étrangère. La discrimination positive aggrave encore la situation, car elle oblige statutairement le peuple à accepter ces situations d’asservissement ; le système des quotas en est un bon exemple. La parole et la culpabilité suffisent jusqu’à présent pour imposer ces contraintes. Mais avec le mouvement woke nous franchissons une étape vers la terreur. Pierre de Meuse nous décrit avec beaucoup de précision l’argent qu’il génère, les fractures qu’il opère dans la société. Il démonte la racisation qui conduit les opprimés à se mobiliser en tant que race pour obliger le Blanc à se déconstruire, la protestation de l’antiracisme républicain qui se veut fondée sur des valeurs universalistes à la française.

Ce qui frappe dans cette histoire tourmentée, c’est l’absence totale de recherche de la vérité. Le racisme est partout. Il faut le dénoncer pour tout détruire. Toute différence est la preuve d’une injustice. Dans ce combat tout est bon, même le racisme des minorités qui est considéré comme une réaction favorable à la cause. Est juste tout ce qui contribue à détruire la culture discriminatoire. Dorénavant, les comportements ne peuvent plus être les mêmes. Il devient anormal de devoir se défendre soi-même contre une injustice avant d’en appeler à l’autorité. Être discriminé suffit à vous donner droit à toutes les réparations possibles.

Une impossible conclusion

Arrivé à ce point de la réflexion, il apparaît clairement que si nous voulons garder notre pays, nous devons impérativement nous dégager de la charge idéologique de l’antiracisme portée par la législation Pleven. Contre l’idéologie, il n’est qu’un chemin : celui de la vérité. En l’occurrence recherchons d’abord, loin de toute polémique, la signification des mots employés : races, culture, Grand remplacement, métissage. Nous ajouterons à cette invitation de Pierre de Meuse, qu’une redécouverte du droit naturel s’impose ici, afin de justifier la nécessité des divers groupes humains présents dans la société [3].

En l’absence de cette colonne vertébrale, il n’est guère étonnant que personne n’ait vraiment cherché à remettre en cause la loi Pleven et celles qui ont suivi. Le manque de conviction, le sentiment de culpabilité sur notre action coloniale, la faiblesse, voire l’inexistence des communautés naturelles normalement compétentes pour défendre nos libertés individuelles, la difficulté à appréhender la nation France devenue pour beaucoup une idéologie, contribuent à pervertir notre héritage intellectuel et à dévaloriser notre passé. Notre survie en tant que « peuples » est menacée. Et pourtant notre classe politique « n’est pas prête à assurer le combat » [4]. Pourquoi ?

Pierre de Meuse note que si notre société est traversée par le doute, la critique de l’antiracisme manque de profondeur, car elle en est restée au strict combat électoral. « Nos écoles de pensée doivent reprendre l’initiative », écrit-il. Il multiplie arguments et conseils, tous très bienvenus. Le citoyen, le militant comme l’intellectuel, y trouverons leur miel.

Nous ajouterons à cela que la profondeur qu’il appelle de ses vœux, ne peut trouver sa source que dans l’étude de l’ordre organique, communautaire. L’homme n’est pas Robinson Crusoé, seul sur son île. Loin de toute idéologie, il est membre d’une famille.

Marie-Pauline DESWARTE

[1]Idées et doctrines de la Contre-Révolution, DMM, 2019.

[2]Le Dogme de l’antiracisme. Origine, développement et conséquences. Préface de Bernard Lugan (Éditions DMM, 2024, 280 pages, 21,50 €).

[3] – On pourra se reporter au récent livre de Ph. Pichot-Bravard, Le Droit naturel, Éd. Via Romana, 2023.

[4] – Le dernier gouvernement Barnier en est un exemple éloquent.

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