L’abbaye de la Réau avait une renommée jusqu’en Anjou et en Bretagne. Elle n’a pas survécu aux horreurs de la Révolution et ne s’est jamais remise des pillages. Les moines ne sont jamais revenus. Mais un homme vient de l’acheter, porteur d’un projet de rénovation authentique.
Lu dans Courrier Français de la Vienne et des Deux-Sèvres :
ABBAYE DE LA RÉAU : vers un nouveau départ
Abandonnée par les moines au XVIIIe siècle, occupée par une famille depuis cette date jusqu’au début du XXIe, l’abbaye de la Réau de Saint-Martin-l’Ars vient d’être rachetée par Michel Guyot, un passionné de vieilles pierres. Les visites vont reprendre.
SAINT-MARTIN-L’ARS
Le créateur du projet de construction du château de Guédelon, dans l’Yonne, expérience de construction d’un château médiéval avec les techniques d’époque, en dit long sur la passion de Michel Guyot pour les vieux édifices et la pierre en général. Saint-Fargeau, également dans l’Yonne, sauvé par le même homme, est le théâtre aujourd’hui de spectacles grandioses. En tout, il a sauvé une dizaine de châteaux. « J’ai une passion viscérale pour le patrimoine » lâche-t-il à son auditoire attentif, le 27 janvier dernier, lors d’une présentation aux acteurs du tourisme de la Vienne menés par Jean-Pierre Raffarin, patron de l’agence touristique de la Vienne.
C’est un peu par hasard, que le nouveau maître des lieux tombe sur l’abbaye de la Réau, à vendre sur un site Internet spécialisé. Quelques heures après cette découverte il était avec son épouse sur place pour visiter avec l’agence immobilière. « J’ai trouvé cela d’une beauté transcendantale ». Restait à financer l’achat que seule une banque de Poitiers a bien voulu réaliser quand ailleurs on déclinait la demande. Le propriétaire a juste eu le temps de nettoyer l’intérieur de l’abbaye achetée en novembre 2016 pour y aménager les cellules des moines devenues chambres à coucher ou pièces fonctionnelles. Ouverte à partir du 1er avril, l’abbaye attend 10.000 à 12.000 visiteurs par an, « ce qui permettrait de payer les charges fixes ».
Il compte sur la notoriété de cette abbaye « qui a beaucoup bénéficié de la générosité d’Aliénor d’Aquitaine comme toute la région » dit-il. C’est une abbaye augustinienne, antérieure aux bénédictins. Mais la Révolution française aura le dernier mot et les moines doivent quitter l’abbaye. Ils n’y reviendront plus. Mais elle avait commencé à décliner depuis le XVe siècle. Elle appartiendra à la même famille de la Révolution à nos jours.
« Nous voulons une visite familiale » explique Michel Guyot. « Nous avons aménagé les lieux pour suggérer que les moines sont partis faire une promenade et devraient revenir dans quelques instants ». Au-delà de cette première approche, Michel Guyot compte bien entreprendre de plus gros chantiers. « On va reconstruire l’abbatiale » lance-t-il. Il n’y va pas par quatre chemins. « Nous la reconstruirons à l’identique ».
En fait, et cela va plus loin, « nous avons la volonté de redonner sa dimension architecturale et spirituelle à l’ensemble ».
Il lui faudra batailler et convaincre beaucoup, car l’ensemble de l’édifice (il en reste un tiers de l’original) est classé. Il peut au moins compter sur le soutien de l’agence touristique. départementale qui lui a réservé un bon accueil selon ses propos, tout comme la municipalité de Saint-Martin-l’Ars. En attendant, on peut le visiter à partir du 1 e‘ avril, tous les jours, au tarif de 10 euros.
Daniel BIRON
Courrier Français de la Vienne et des Deux-Sèvres, n° 3780, 24 février 2017