La guerre en Ukraine. Regard critique sur les causes d’une tragédie – Entretien avec le colonel (er) Jacques Hogard

La guerre en Ukraine. Regard critique sur les causes d’une tragédie – Entretien avec le colonel (er) Jacques Hogard
Dans cet essai géopolitique [1], Jacques Hogard rame résolument à contre-courant de la doxa officielle servilement répercutée par les médias « mainstream ». En entrant en Ukraine, le Russie ne fait que répondre aux multiples provocations de l’OTAN, bras armé des États-Unis pour lesquels la Russie est l’Ennemi dans la mesure où une alliance de cette dernière avec l’Union européenne (UE) signifierait une menace quasi existentielle pour la domination américaine. Leur expansion vers l’Est, malgré les promesses faites à Eltsine, est une menace pour la Russie car l’affaire ukrainienne, depuis Maïdan, met en péril son glacis protecteur. D’où l’Opération spéciale.
Appuyé sur des références nombreuses et indiscutables, Jacques Hogard nous révèle les causes cachées de ce conflit qui vient bouleverser l’équilibre international en remettant en jeu la puissance du dollar et de l’Amérique et en créant une puissante alliance sino-russe soutenue par son complément BRICS.
Devant les provocations otaniennes, sabotages, révolutions, menaces et chantages, qui ont entraîné l’intervention russe, une question se pose : et si l’agresseur était l’agressé ?

Colonel (er) Pierre Brière-Loth : Mon colonel, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous expliquer ce qui a provoqué votre intérêt pour la géopolitique ?

Colonel (er) Jacques Hogard : Je suis né en décembre 1955 dans une famille d’origine lorraine où l’on est officier de père en fils. Je suis marié, père de six enfants et grand père de douze petits-enfants aujourd’hui.

J’ai été très marqué par mon père, le général Jacques Hogard, officier brillant et très complet, qui avait fait la Seconde Guerre mondiale, l’Indochine et l’Algérie et qui n’a pas eu la carrière à laquelle il semblait promise, du fait des conséquences de son attachement à l’Algérie française. Enfant et adolescent, j’ai découvert de grands espaces au Sénégal, en Mauritanie, à Djibouti, qui était alors le Territoire Français des Afars et des Issas. C’est là que j’ai contracté ma vocation militaire et mon attirance pour la Légion Étrangère, au contact de la magnifique 13e DBLE mais aussi par la lecture de « Par le sang versé », très beau livre de Paul Bonnecarrère. Plus tard, j’ai préparé Saint Cyr, trois fois admissible mais collé grâce à mon inaptitude définitive aux mathématiques ! J’ai fait alors l’EMIA (1978-79) après des débuts d’officier de réserve parachutiste. Après une affectation au 39e Régiment d’infanterie, j’ai enfin rejoint la Légion Étrangère comme chef de section au 4e Régiment Étranger, puis réalisé mon rêve, servir au 2e Régiment Étranger de Parachutistes, dont j’ai commandé la 3e compagnie (1986-88). Après quelques années en états-majors opérationnels, j’ai eu la chance de me voir confier deux commandements en opérations : le groupement Sud de l’opération Turquoise au Rwanda en 1994, et le groupement interarmées des Forces spéciales engagé en Macédoine puis au Kosovo sous commandement de l’OTAN en 1999. Ces deux faits saillants de ma carrière sont à l’origine de ma passion pour la Géopolitique. J’ai en effet réalisé au travers de ces deux expériences combien les changements profonds du monde impactaient le comportement des États. La chute du Mur de Berlin en 1989 et l’effondrement de l’URSS en 1991 ont considérablement modifié les équilibres du monde depuis 1945. Je l’ai réalisé au Rwanda et confirmé au Kosovo. Nos « amis » (je pense en particulier aux Américains et à l’OTAN) ne l’étaient en fait pas tant que ça… Constatation qui fit sourire mon père, à mon retour du Kosovo en juillet 1999, quelques jours avant sa mort, et qui lui donna l’occasion de me rappeler tous les chausse-trappes tendus à la France en Indochine et en Algérie. Assurément, Mitterrand avait raison lorsqu’il dit un jour « Les Américains ne sont pas nos amis » !

Col. (er) P. B.-L. : Vous avez servi, entre autres, au Rwanda et au Kosovo et vous avez tiré deux ouvrages de ces expériences. Pourquoi avoir choisi l’Ukraine où vous n’avez pas servi ?

Colonel (er) J. H. : Ces deux petits livres commis sur mon expérience personnelle au Rwanda et au Kosovo, n’étaient en fait que deux chapitres d’un ouvrage plus important, jamais paru, écrit lorsque j’ai quitté l’armée au retour du Kosovo, fin 1999. (LIRE LA SUITE DANS NOTRE NUMÉRO)

[1] – Éditions Hugo Doc, février 2024, 189 pages, 19,95 €.

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