La Cité des philosophes, par Pierre Virion

La Cité des philosophes, par Pierre Virion

Cet essai philosophique diffusé à titre posthume dont on louera la qualité permet à Pierre Virion d’exprimer une dernière fois ses remarquables capacités de synthèse.  Il y énumère les principales étapes du déclin spirituel et intellectuel d’une humanité ayant au fil des siècles choisi la voie suicidaire de la primauté du « devenir » sur « l’être ». La démonstration est rigoureuse et clairvoyant :

« “L’homme du Moyen Âge, dit Marcel de Corte, éprouvait au moins confusément qu’il faisait partie d’un univers ordonné qui ne dépendait ni de sa raison ni de ses dé­sirs, mais qui réglait au contraire son intelligence et son cœur”. L’homme moderne in­verse les pôles en sa faveur : l’univers terrestre doit s’offrir à lui inconditionnellement comme à une divinité ; loin de se conformer à une hiérarchie extérieure, il veut au contraire régler le monde. Il ne reconnaît plus l’ordre, il le crée. » (p. 49-50)

La simplicité toute catholique du raisonnement n’a d’égale que sa pertinence. On est d’ailleurs frappé par la richesse de ce texte qui ne dépasse pas les cent cin­quante pages. Un nombre considérable de penseurs célèbres sont mentionnés tou­jours avec justesse. L’auteur n’omet pas de mentionner l’influence de la Gnose et de la Kabbale sur tous ces esprits vaniteux qui mirent un point d’honneur à pervertir l’intelligence occidentale. L’accent est mis toutefois sur les philosophes allemands et leurs systèmes absurdes (idéalisme, romantisme, panthéisme), avec notamment des réflexions pertinentes sur Kant, Schelling, Fichte et surtout Hegel :

« Le romantisme, la philosophie allemande, les thèmes de Rousseau et l’Illumi­nisme de 1785, forment la première partie du siècle, un ensemble grotesque où le pro­grès de l’Humanité fait toile de fond. Chefs d’écoles et adeptes croient très réellement qu’ils ont mission de retourne le monde, de prendre place à la suite de Moïse ou de Jésus-Christ pour apporter la parole salvatrice… ou plutôt « la parole perdue » que possèdent les génies initiés. » (p. 101-102)

Même si elle est essentiellement intellectuelle, la démarche de Pierre Virion se veut avant tout religieuse. C’est évidemment le fond du problème, et il est abordé ici avec maîtrise par ce spécialiste de la Contre-Église et des sociétés secrètes. Il rappelle à plusieurs reprises le caractère profondément mystique de tous ces faux systèmes qui  furent crées afin de détruire la société chrétienne traditionnelle et provoquer ainsi une véritable régression au nom du Progrès :

« Il y avait alors un ordre universellement admis ; on en a substitué un autre et celui-ci, pour une bonne part, n’est qu’une reprise des traditions juridiques et philosophiques de l’antiquité païenne. » (p. 58)

Éditions Saint Rémi, 2024, 160 pages, 15 €

I. C.

Cet extrait du numéro 812 (décembre 2024) de Lectures Françaises vous est offert. Pour lire la suite, commandez le numéro ICI !

Découvrez nos offres d’abonnement