De la Vraie Vie avant toute chose !

De la Vraie Vie avant toute chose

De la Vraie Vie avant toute chose ! [1]

« Notre existence doit être un noviciat d’éternité. Toute la vie liturgique du moine le prépare aux dernières heures » (Dom Philippe Dupont, Père Abbé de Solesmes) [2]

 

A la mort proche d’un moine :

« J’ai compris alors que les plans de Dieu n’étaient pas les nôtres. Il ne conduit pas le monde comme les hommes l’imaginent ». (Dom Patrick Olive, Père Abbé de Sept-Fons) [3]

Nicolas Diat, qui a collaboré avec le cardinal Robert Sarah dans une suite de trois entretiens [4], a publié seul « Un temps pour mourir, derniers jours de la vie des moines ».

A travers sa visite et ses entretiens dans huit abbayes ou monastères, Nicolas Diat s’est livré à une approche de la mort dans ces milieux bien particuliers où vivent les moines. 

 

Le cardinal Sarah, dans Le Soir approche et déjà le jour baisse, met en évidence que

« L’humilité des moines révèle la grandeur de Dieu. Je crois, – ajoute-t-il, que nous gagnerions tous à retrouver le sens de la religion. Elle est la signature d’une forme particulièrement délicate, raffinée et sensible du christianisme…Elle est la politesse, la distinction de la créature devant son Créateur. Si vous désirez retrouver la vertu de religion, vous avez une école : ce sont les monastères ».

Las, le chemin est bien long pour en arriver à ce stade !

Le Cardinal pense que notre temps vit la tentation de l’athéisme non comme aux temps des pseudos-liturgies marxistes ou nazies sous forme de religion à l’envers, mais plutôt par un état d’esprit subtile et dangereux : l’athéisme fluide. Cette leçon-là nous vient du Père Jérôme, moine cistercien de l’abbaye de Sept-Fons, qui décrit ainsi cette forme d’athéisme [5] :

« L’athéisme fluide, jamais professé comme tel, se mélange sans tapage, à d’autres philosophies, à nos problèmes personnels, à notre religion. Il peut imprégner sans que nous en ayons conscience notre jugement de chrétien. Chez chacun de nous peuvent pénétrer des infiltrations de l’athéisme fluide dans tous les recoins qui ne sont pas occupés par la foi théologale et la grâce…Nous colportons des idées sans distinguer les étiquettes d’origine. Le pire, c’est que des idées matérialistes peuvent demeurer dans notre esprit, sans qu’elles s’entrechoquent violemment avec des idées chrétiennes qui devraient aussi s’y trouver. Ce qui suggère que nos convictions n’ont pas de consistance bien ferme. Voilà le commencement de la défaite : le matérialisme fluide voisine en notre esprit avec notre christianisme probablement fluide lui aussi ».

C’est ainsi que la peur de la mort est prégnante à notre époque, sous l’influence néfaste des contraintes sanitaires qui sont devenues presque la seule préoccupation d’une population pour laquelle les pouvoirs publics distillent des petites parcelles de liberté. C’est aussi le terrain des discussions voire des disputes dans la colère, jusque dans les familles.

Cependant que l’exercice du culte est toujours sous la contrainte, souvent amplifiée par des autorités ecclésiastiques qui peuvent faire du zèle. Ce qui a entraîné aussi des pertes dans le nombre des pratiquants. Alors que l’on pourrait s’attendre à un retour vers Dieu dans le danger, ce qui a toujours été le cas dans le passé lors des grandes épidémies !

Il convient d’ajouter que même avec la volonté de faire progresser nos connaissances religieuses, nous pouvons sombrer parfois dans une boulimie de lecture laissant peu de place à la réflexion personnelle, voire au silence si bien pratiqué par les moines et les religieuses. Le temps d’adoration devant le Saint Sacrement a besoin de silence pour entrer dans un vrai dialogue avec le Seigneur.

 

Prière écrite par Mère Marie-Thérèse de Lescure,

religieuse du Sacré-Cœur pour « Mater Admirabilis [6]»

Mère admirable,

Trésor de calme et de sérénité,

nous T’aimons pour la Lumière

de Tes yeux baissés,

pour la Paix de Ton visage,

pour l’attitude révélatrice

de Ta plénitude intérieure.

Tu es la Vierge de l’invisible et de l’essentiel.

Nous Te supplions de nous détacher,

de tout ce qui se voit

pour nous ramener et nous fixer

sur l’invisible que Tes yeux regardent :

l’invisible présence,

l’invisible vie,

l’invisible action,

l’invisible amour.

Dans nos journées occupées, surchargées,

garde-nous

dans la lumière des choses

qui ne se voient pas.

À travers l’accessoire qui nous sollicite

et nous séduit souvent,

donne-nous aussi le sens et la faim de l’essentiel.

 

La peur de la mort reculera quand nous accepterons de nous abandonner entre les bras de la Sainte Vierge, médiatrice auprès de son Divin Fils.

La vie naturelle est bien un noviciat vers la Vie surnaturelle. Cela implique bien sûr d’accepter les souffrances offertes pour sauver les âmes. La prière doit redevenir le lieu privilégié de reconquête de notre liberté. Le rapport bénéfice /risque est assuré par le passage dans l’éternité bienheureuse.  

« La pensée de la mort n’est pas morbide. Au contraire, elle permet de comprendre le sens de la vie. Il faut apprendre à connaître le bout de notre chemin. Pourquoi avoir peur ? La résurrection est le fondement de notre foi. La véritable vie n’est pas sur terre. Chaque jour, il faut s’apprêter à mourir » (Frère Philippe, moine de l’abbaye de Citeaux) [7].   

 

Christian AUCLAIR, président de l’Œuvre du Sacré-Cœur

 

[1] Dans son livre De la Vie avant toute chose (1979), le Dr Pierre-Simon, Grand Maître de la Grande Loge de France pour qui la vie est une marchandise s’exprime ainsi : « Il s’agit d’édicter une nouvelle morale évolutive. Pour m’exprimer plus clairement : une morale qui prend en charge au jour le jour les vérités nouvelles, désormais démontrées dans le cadre du respect de la tradition ».

[2] Nicolas Diat, Un temps pour mourir Derniers jours de la vie des moines (Éd. Fayard, avril 2018).

[3] Ibidem.

[4] Cardinal Robert Sarah et Nicolas Diat,  Dieu ou rien, Entretien sur la Foi (2015), La Force du silence, (2017) Le Soir approche et déjà le jour baisse (2019), Éd. Fayard.

[5] Père Jérôme, Notre cœur contre l’athéisme (Ad Solem, 2014).

[6] Mater admirabilis (Mère admirable) est inspirée d’une fresque située au premier étage du couvent de la Trinité-des-Monts (à Rome), représentant la Vierge Marie, jeune fille, filant la laine dans le temple… Cette fresque est associée à des miracles.

[7] Ibidem Un temps pour mourir.