Alep : petit rectificatif en faveur du réel…
Lu dans Présent :
Désinformation sur Alep
Il pourrait être amusant, si ce n’était dramatique, de constater que seuls les journalistes qui ont eu le courage d’aller jusqu’à Alep pendant cette guerre livrent aujourd’hui un message sensiblement différent sur l’actualité de cette ville martyre.
Sauf qu’une question vient immédiatement à l’esprit de quiconque a visité les quartiers ouest de la ville depuis cinq ans : où étaient ces bonnes âmes lorsque les civils étaient privés d’eau et d’électricité, et bombardés jour et nuit par ces « rebelles » que trop d’Occidentaux ont continué à croire « modérés ». Le correspondant du journal`qatarien Qads al-Arabi, à Alep, écrivait ces jours-ci : « Les groupes (rebelles) ont oublié l’obligation religieuse de s’unir entre eux ». Qui peut encore croire, alors que toutes les factions rebelles déplorent aujourd’hui leur désunion, que les différences entre ces groupes aient été essentielles ?
L’armée syrienne a en effet forcé, ces derniers jours, les rebelles — qui sont objectivement des terroristes et rien de moins — à quitter leur bastion de la vieille ville. Ils se regroupent désormais dans trois quartiers du sud de la ville que le gouvernement syrien devrait réussir à évacuer rapidement.
Des civils sont bloqués dans les quartiers est d’Alep, c’est encore une fois exact. Mais pour quoi ne pas décrire honnêtement la situation ? Des couloirs humanitaires ont été régulièrement ouverts pour ces civils des quartiers est, des snipers les ont visés depuis les quartiers rebelles alors qu’ils tentaient de fuir. D’autres soutiennent idéologiquement les rebelles et refusent de quitter ces quartiers : ils choisissent un camp et la guerre se poursuit. L’atrocité est celle de la guerre, et non celle d’un gouvernement qui se défend, le constat n’enlève rien aux critiques politiques légitimes par ailleurs, contre des rebelles unis par l’islamisme.
MARIE POMMERET
marie-pommereepresent.fr
Présent, n° 8752, 9 décembre 2016