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Élisabeth de Hongrie, princesse de charité, par Dominique Sabourdin-Perrin

ByHermine Chabrol

Mar 9, 2022
Élisabeth de Hongrie, princesse de charité, par Dominique Sabourdin-Perrin

C’est l’histoire d’une vie courte, 24 ans, mais si pleine d’événements, d’actions, de bienfaits, de prières et de souffrances. Très jeune, âgée simplement de 4 ans, il est prévu qu’elle soit mariée au futur landgrave de Thuringe, Louis, son aîné de 5 ans. La coutume est qu’alors l’éducation des princesses se passe dans leur nouvelle famille, et ici, donc, en 1211, au château de la Wartbourg, véritable forteresse, d’accès difficile, distante de neuf cents kilomètres de la cour de Hongrie. Dames et demoiselles d’honneur, servantes et domestiques, mais aussi aumôniers et hommes d’armes forment sa suite, sans compter une immense dot. En 1217, à la mort du landgrave Hermann Ier, lui succède donc son fils Louis qui, en 1221, épouse Élisabeth. En 1222 naît Hermann, en 1224 naît Sophie, et en 1227, de façon posthume, naît Gertrude (son père Louis étant mort à la croisade 17 jours avant).

Non seulement Élisabeth fut une épouse aimante et une mère attentionnée, mais aussi une landgravine prenant au sérieux ses fonctions de souveraine, faisant régner la justice, mais aussi veillant au bien de ses sujets, distribuant sans compter des aumônes aux pauvres et demandant à ses proches, suivantes et servantes, une vie exemplaire et vertueuse. Elle est aussi la bienfaitrice des abbayes, couvents et monastères, mais aussi des hôpitaux, jusqu’à soigner volontiers lépreux et autres malades, et coudre elle-même des vêtements pour les pauvres. Mais le temps des épreuves avec son lot de souffrance n’est pas loin : solitude lorsque son mari part en croisade, incompréhension et reproches de sa famille vis-à-vis de ses bienfaits envers les pauvres, tristesse immense lors du décès de son mari, départ du château où on l’empêchait de faire l’aumône, au point de trouver comme seul refuge une ancienne porcherie…

Cet ouvrage est cependant nanti, œcuménisme conciliaire oblige, d’une postface du pasteur luthérien Alain Joly. Ce dernier fait l’éloge d’Élisabeth et, en bonne logique protestante, concède qu’elle doit être honorée au nom de « l’exemplarité des témoins de la foi » (une « foi » entendue au sens luthérien), alors que les catholiques vénèrent Élisabeth en raison du culte dû aux saints. Mais qu’à cela ne tienne, M. le Pasteur forme des vœux pour que les uns et les autres avancent sur « le chemin des rapprochements sur l’essentiel de l’engagement chrétien ». Un engagement qui précisément sacrifie l’essentiel, à savoir la foi catholique.

Éditions Salvator, août 2021, 190 pages, 20 €

Hermine CHABROL