La «désoccupation» du Donbass

Fille donne fleur volontaire Donbass
Donbass : pendant une cérémonie une petite fille donne une fleur à une nouvelle recrue du bataillon "Sich" ukrainien.

Ce jeudi 18 janvier fut voté par la majorité de députés du parlement ukrainien la loi sur « la réintégration ou la désoccupation du Donbass ». En effet, il est prévu d’après les accords de Minsk le retour de cette région dans le cadre de l’Ukraine. Ce projet fut voté par une majorité de députés 280 voix (le quorum pour la majorité est de 226 voix.) sur les 423 députés du parlement.

Lu pour vous dans українське слово (La Parole ukrainienne).

Les seuls, qui ont voté contre furent les députés du « bloc d’opposition » Ce sont les fidèles de l’ancien parti du Président dictateur Yanoukovitch, qui dans l’échiquier politique ukrainien occupe une position pro-russe. Donc, pas de surprise à ce niveau. Tous les autres partis politiques ukrainiens, y compris ceux de l’opposition démocratique ont voté cette loi avec des abstentions, notamment celles des députés non-inscrits aux partis politiques.

Reste à savoir si ce projet va prendre corps ; en effet la Russie, officiellement, n’est pas engagée dans le conflit. Aux yeux de Moscou c’est un conflit interne à l’Ukraine, alors que dans la déclaration du parlement et du pouvoir ukrainien, il s’agit maintenant officiellement car auparavant ce n’était pas le cas de la Russie désigné comme agresseur. Jusqu’à présent il s’agissait « de terroristes ». Cette guerre « contre le terrorisme » a duré quatre ans, et a fait déjà plus de 10 000 morts.

Le gouvernement de Kyiv voudrait que d’autres pays comme les USA prennent part au règlement du conflit, de même que les casques bleus de l’ONU. Dans le préambule de la loi votée on parle de l’annexion de la Crimée. Il faut remarquer, qu’autant la Russie reconnaît son annexion de la Crimée en parlant de « réunification » de la Crimée à la Russie, autant elle dénie l’occupation du Donbass. Elle parle » des républiques autoproclamées de Louhansk et du Donetsk » comme des entités propres, et demande à l’Ukraine d’entamer des pourparlers avec eux… Ce que le gouvernement de Kyiv avec juste raison a toujours refusé, considérant ces deux républiques comme fictives derrière lesquelles se trouve le pouvoir russe. En ce qui concerne la Crimée, ce n’est malheureusement pas «à l’ordre du jour» pour qu’elle redevienne ukrainienne et donc pas de projet de loi spécifique la concernant…

Un autre point de discorde entre Moscou et Kyiv concerne la composition des observateurs de l’OSCE chargés de veiller sur la sécurité et la stabilité du continent européen. La Russie voudrait que ses observateurs soient inclus, ce en quoi l’Ukraine refuse considérant la Russie comme le pays agresseur dans ce conflit. Voter cette loi est une chose pour autant elle ne règle pas le conflit politiquement parlant. En raison des divergences évoquées ci-dessus, le Front Populaire, qui est membre de la coalition gouvernementale, a exigé de son partenaire «le Bloc Porochenko» qu’il enlève toute référence aux accords de Minsk. Il juge, que c’est par rapport à ces accords que le Président Porochenko et le gouvernement ukrainien refusèrent jusqu’à présent de désigner clairement le véritable ennemi afin de ne pas froisser la France et l’Allemagne. Le Président, pour sa part, justifie cette attitude lors de sa conférence de presse du mardi 12 janvier. Le gouvernement ukrainien se trouvait dans un rapport de force politiquement et militairement qui lui était complètement défavorable et ne pouvait donc pas agir autrement.

Il reste pour l’Ukraine un autre problème de taille : le problème financier. En effet, pour reconstruire le Donbass il faudrait un véritable « Plan Marshall ». On voit mal l’Ukraine, dont la situation financière et sociale est extrêmement fragile, faire face toute seule, sans l’aide conséquente du Fond Monétaire International (FMI), de l’Union Européenne et des Etats-Unis.
Voilà les enjeux qui se profilent derrière cette loi, souhaitons que l’Ukraine réussisse à surmonter ce cap qui, le moins que l’on puisse dire, n’est pas gagné d’avance.

Bogdan MYTROWYTCH

українське слово (La Parole ukrainienne) n°3093 de mars 2018

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