Populisme : comme tous les « ismes », il indique une notion d’appartenance, un souhait idéologique, systémique et généralement inexistant dans le réel immédiat. Si l’on entend par là le pouvoir au peuple, alors on n’est pas couchés. Les derniers qui ont essayé sont devenus rouges, puis morts…
Lu dans L’homme nouveau :
Dans la « novlangue » actuelle, populisme est devenu ce par quoi on désigne tous les dangers politiques auxquels nos démocraties libérales sont confrontées. « Le populisme, voilà l’ennemi ! », tel est le mot d’ordre lancé du haut de nombreuses chaires médiatiques et savantes pour alerter le bon peuple de ne pas se
Le populisme est stigmatisé comme une entreprise visant à flatter les bas instincts du peuple au lieu de parler à sa raison pour l’élever à la complexité des problèmes de notre monde en pleine mutation. Cette rhétorique a été abondamment utilisée pour commenter (ou plutôt condamner) le Brexit et l’élection de Donald Trump. Certains sont allés jusqu’à s’indigner « qu’un peuple (puisse) remettre en cause toute évolution considérée jusque-là comme irréversible », ce qui reviendrait « à nier l’idée même de progrès ». Ou encore, l’idée même de référendum sur
L’usage du terme populisme révélerait-il a contrario la panique qu’éprouverait « l’hyper-classe mondialisée » face à la révolte des peuples contre le monde tel qu’il va ?
Tel est le diagnostic convergent posé par des auteurs venant d’horizons aussi différents qu’Alain de Benoist, Jean-Claude
Une nouvelle situation historique ?
La frustration face aux promesses non tenues de la construction européenne « vendue » aux peuples comme le nouvel eldorado de l’humanité, le sentiment diffus mais tenace de dépossession démocratique, les défis identitaires que posent et la mondialisation (financière et économique) et les mouvements migratoires, appelés à s’intensifier pour des raisons géopolitiques et démographiques, tous ces facteurs sont des causes souvent invoquées pour caractériser notre nouvelle
Peut-on identifier un centre, un point nodal à partir duquel ces différents phénomènes seraient compris comme parties d’un même tout, acquérant par là une intelligibilité commune ? L’hypothèse est que ce centre est l’individualisme libéral, ce courant fondamental de la modernité qui a enfin atteint aujourd’hui sa maturité et sa complétude. Pendant longtemps ses facettes, économique, politique et culturelle, ont été disjointes et réparties dans des courants antagonistes. Ainsi le libéralisme politique et économique s’est-il longtemps allié à un certain conservatisme culturel (dans lequel « la religion » avait une part non négligeable) pour contrer la critique révolutionnaire
Ou encore le libéralisme culturel de la contre-culture des années 1960 a-t-il identifié le « patriarcat » et le « moralisme » comme les agents de la domination idéologique capitaliste.
Tous ces clivages se sont progressivement dissipés à partir des années soixante-dix et sont apparus comme des malentendus obsolètes. Pensons, par exemple en France, à la récupération/assimilation de la contestation culturelle par Giscard, suivant les conseils des loges maçonniques réalisant leur agenda anthropologique enraciné dans l’unité de la philosophie des Lumières ; ou encore à la récupération des
L’effondrement du bloc soviétique a semblé condamner définitivement toute alternative crédible à l’anthropologie politique fondée sur les droits et les intérêts de l’individu rationnel et autonome.
Le populisme peut ainsi être compris comme une résurgence du politique face à l’économisme triomphant et déshumanisant.
Cette réaction est saine mais elle ne portera de bons fruits que si elle est enracinée et comprise dans une anthropologie politique sachant situer et articuler les
De Léon XIII choisissant de revivifier l’héritage de la philosophie et de la théologie de saint Thomas au Pape François exhortant les peuples à résister à la cupidité, en passant par Pie XII et saint Jean-Paul II, les catholiques disposent d’un trésor pour notre monde.
Pratiquons-nous les vertus grâce auxquelles le monde commun peut perdurer dans la paix et la justice ?
La vraie réforme est la réforme des mœurs, c’est-à-dire celle dont nous sommes les acteurs dans notre vie quotidienne.
THIBAUD COLLIN
L’homme nouveau, n°1633, 25 février 2017